Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke, a estimé jeudi que la reprise économique de son pays n'était pas encore "vraiment établie" au vu de la lenteur avec laquelle s'améliore l'emploi.
"Tant que nous n'aurons pas de créations d'emploi plus fortes pendant une période prolongée, nous ne pourrons pas considérer que la reprise est vraiment établie", a déclaré le chef de la Réserve fédérale au National Press Club de Washington, à l'occasion d'une rare rencontre avec la presse.
Ce faisant, M. Bernanke a laissé entendre très clairement que la Fed n'était pas près de modifier sa politique monétaire ultra-accommodante.
La remarque de M. Bernanke laisse présager en effet que la banque centrale devrait mener à terme son programme de rachats supplémentaires d'obligations du Trésor américain lancé en novembre et devant courir jusqu'à la fin juin.
Elle laisse aussi penser que "plusieurs mois de hausse solide de l'emploi seront nécessaires avant qu'il juge la reprise totalement établie", estime Michael Gapen, économiste de Barclays Capital.
"Alors seulement envisagera-t-il sereinement une période de transition" vers la sortie de crise, ajoute M. Gapen.
M. Bernanke n'est pas le seul à décider à la Réserve fédérale. Si plusieurs dirigeants du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) ne partagent pas son avis sur l'état d'enracinement de la reprise, tous lui reconnaissent néanmoins une autorité lui permettant d'orienter les décisions du groupe.
Malgré sa prudence, M. Bernanke estime toujours, comme il l'avait dit en janvier, que la croissance économique devrait s'accélérer en 2011, et que la consommation des ménages et l'investissement des entreprises donnent des signes de leurs capacité à progresser sans l'aide des pouvoirs publics.
Mais si la croissance se renforce, elle "n'a pas été suffisamment rapide pour permettre une amélioration importante du marché de l'emploi", a-t-il dit, répétant son estimation selon laquelle "il faudra plusieurs années avant que le taux de chômage revienne à un niveau plus normal".
Concernant le niveau des prix, M. Bernanke a estimé que l'inflation restait globalement "assez" faible, malgré "des hausses importantes de certains prix très visibles, notamment celui de l'essence".
La Fed a pour mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix, et M. Bernanke, a répété qu'elle ne pouvait se satisfaire de la situation actuelle sur ces deux fronts.
Le chômage atteignait en effet 9,4% fin décembre et pourrait être remonté à 9,5% en janvier selon certains économistes (le chiffre officiel doit être publié vendredi), ce qui reste extrêmement élevé pour le pays.
L'indice d'inflation de référence de la Fed était par ailleurs de 1,2% en décembre, ce qui est inférieur au niveau que les dirigeants de la banque centrale jugent souhaitable (1,5 à 2,0%).
M. Bernanke a néanmoins estimé que la politique actuelle de la Fed portait ses fruits, en particulier son nouveau programme de rachats d'obligations du Trésor destiné à faire baisser les taux d'intérêt à long terme pour stimuler l'investissement et la consommation.
Ce programme peut toujours être ajusté à la hausse ou à la baisse en fonction de l'évolution de la conjoncture, a-t-il rappelé.
Les taux à court terme, eux, sont maintenus au plancher par le taux directeur quasi nul de la Fed en vigueur depuis plus de deux ans.