Le secteur du bâtiment, qui devrait repasser "dans le vert" et créer des emplois en 2011, demande le maintien d'une TVA réduite à 5,5% pour les travaux de rénovation, la moitié de son chiffre d'affaires, malgré les craintes suscitées par un rapport de la Cour des Comptes.
"L'embellie constatée ne nous amène pas pour le moment à modifier notre prévision d'une croissance du secteur de 2,2% en 2011 et d'une création de 10.000 à 15.000 emplois", a déclaré le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) Didier Ridoret, mardi au cours d'une conférence de presse.
Le secteur du bâtiment devrait ainsi repasser dans le "vert" en 2011, après trois années de baisse de l'activité en volume (-1,1% en 2008, -7,8% en 2009 et -3,4% en 2010) qui ont ramené le chiffre d'affaires annuel de la profession à 121,5 milliards d'euros en 2010, soit son niveau de 2006.
"La France se trouve dans la situation assez paradoxable" d'avoisiner les 430.000 logements neufs mis en chantier, en rythme annuel, soit l'équivalent de la production aux Etats-Unis, alors que ce pays a une population cinq fois supérieure à celle de la France, a souligné Bernard Coloos, directeur des affaires économiques de la FFB.
Mais, a déploré M. Ridoret, "la situation financière des entreprises continue de se dégrader sous les effets délétères de prix trop bas consentis depuis de nombreux mois, alors même qu'elles doivent faire façe à la vive inflation des coûts et à l'impact de la réduction des délais de paiement inscrite dans la Loi de modernisation de l'économie" (LME).
La FFB s'inquiète surtout pour deux dispositifs qui ont fortement soutenu le secteur: le taux de TVA réduit à 5,5% (au lieu de 19,6%) pour les travaux de rénovation, la moitié du chiffre d'affaires total, et le "dispositif Scellier" qui permet des réductions d'impôts pour les investisseurs louant leur logement.
"Nous allons poursuivre notre lobbying en 2011 pour faire graver dans le marbre la TVA à 5,5%, un dispositif qui a fait ses preuves", a affirmé M. Ridoret.
La FFB s'inquiète plus particulièrement, à l'heure où le gouvernement cherche des solutions pour réduire les déficits publics, d'un rapport de la Cour des Comptes, même si pour M. Ridoret un autre secteur, la restauration, est beaucoup plus menacé.
Le rapport, se plaçant dans la perspective d’une convergence avec l’Allemagne en matière de TVA et donc d'une forte augmentation du taux de TVA pour les travaux de rénovation, souligne qu'une telle politique entraînerait un "surcroît de recettes de l’ordre de 15,3 milliards d'euros (0,7 point de PIB)".
"Malgré les exhortations de la Cour des Comptes, le maintien du taux réduit n'est pas négociable, au risque de casser l'activité", affirme avec force M. Ridoret.
D'autant que l'éco-PTZ (prêt à taux zéro), une des mesures phares du gouvernement pour réduire les émissions de CO2 du secteur du logement ancien, a été loin d'une réussite avec seulement 150.000 distribués par les banques au lieu des 200.000 prévus en 2010.
Accessible sans condition de ressources, l'éco-PTZ n'a essentiellement intéressé que les propriétaires de maisons individuelles et les ménages à revenus conséquents alors que ceux à revenus modestes étaient prioritairement ciblés.
"Le gouvernement doit arbitrer entre les pistes envisagées pour le réformer afin de l'intégrer à la loi de finances 2012", a indiqué la FFB.
Concernant le "Scellier", dont la fin est programmée pour décembre 2012, il faut, selon le président de la FFB, préparer dès à présent l'avenir en imaginant un "autre dispositif pour maintenir l'investissement locatif".