L'Afrique, où la croissance va ralentir cette année, doit renforcer son intégration régionale pour peser davantage face à ses partenaires commerciaux, notamment les pays émergents, selon un rapport publié lundi par l'OCDE, la Banque africaine de développement et les Nations unies.
L'Afrique a plutôt bien traversé la crise économique mondiale, estiment l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la BAD, le Programme de l'ONU pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, dans ce rapport publié à Lisbonne.
Après s'être établie l'an dernier à 4,9%, la croissance sur le continent devrait ralentir en 2011 à 3,7%, sous le coup de "forts vents adverses": les événements politiques en Afrique du Nord et la flambée des prix alimentaires et du pétrole.
L'an prochain, la croissance devrait toutefois rebondir à 5,8%, "sous réserve d'un retour à la normalité économique" en Libye et en Côte d'Ivoire, estiment les auteurs du rapport.
"Donner la priorité à la santé, à l'éducation et aux services de base est indispensable pour s'assurer que les personnes les plus vulnérables ne sont pas laissées pour compte", estime Pedro Conceiçao, économiste en chef au bureau régional du PNUD pour l'Afrique.
Le chômage structurel reste élevé dans de nombreux pays et malgré les avancées observées entre 1996 et 2005, l'Afrique continue de progresser plus lentement sur le front de la lutte contre la pauvreté que les autres régions en développement, soulignent les auteurs du rapport.
Selon eux, une des clés pour doper la croissance est d'attirer des investissements dans des secteurs plus diversifiés et à plus forte valeur ajoutée que le pétrole, qui draine aujourd'hui la plupart des flux. D'autant que les événements survenus en Afrique du Nord avec la guerre en Libye risquent de refroidir les investisseurs.
L'Afrique peut néanmoins tirer profit de l'arrivée des pays émergents sur le continent, qui s'imposent désormais comme des partenaires à part entière, souligne le rapport.
En 2009, la Chine a ainsi dépassé les États-Unis, devenant le principal partenaire commercial de l'Afrique. Et au cours des dix dernières années, la part des échanges de l'Afrique avec les pays émergents a sensiblement augmenté, passant de 23% à 39%.
Si les partenaires traditionnels assurent encore la plus grande partie des échanges commerciaux (62%), de l'investissement (80%) et de l'aide publique au développement (90%) de l'Afrique, les pays émergents sont susceptibles d'offrir au continent noir de nouvelles opportunités de croissance et de développement.
Mais, préviennent les auteurs du rapport, l'intégration régionale, qui souffre aujourd'hui de l'instabilité politique dans certaines régions ou de sérieuses lacunes dans l'interconnexion, doit absolument s'accélérer.
"Les pays africains doivent améliorer les infrastructures régionales", a déclaré à l'AFP Jean-Philippe Stijns, économiste au Centre de développement de l’OCDE.
"Cela aurait un double avantage", estime-t-il: "stimuler l'économie au niveau régional, mais aussi attirer des investissements majeurs, ce dont manque l'Afrique aujourd'hui".
Une plus forte intégration régionale permettrait aussi aux pays africains d'accroître leur pouvoir de négociation lors des discussions avec leurs partenaires commerciaux, souligne le rapport.
Car "on ne peut pas espérer une discussion d'égal à égal entre un pays comme le Malawi et un pays comme la Chine", souligne M. Stinjs.