Confortée par des indicateurs favorables et rassurée par la Grèce, la Bourse de Paris a repris du poil de la bête cette semaine, mais son élan demeure fragile dans un environnement marqué par des incertitudes à propos de la vigueur de la reprise.
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a gagné 5,43% et a terminé vendredi à 3.910,42 points. Il a ainsi enregistré sa plus forte hausse hebdomadaire depuis le début de l'année, reprenant plus de 200 points en cinq séances.
Le marché parisien a profité d'un retour général de l'appétit pour le risque, grâce aux efforts de bonne volonté de la Grèce qui a annoncé de nouvelles mesures d'austérité mercredi, salués par le FMI et Bruxelles, et grâce au succès de son émission obligataire.
En réussissant à lever de l'argent toute seule --trois fois plus que ce qu'elle offrait-- la Grèce a rassuré les marchés qui doutaient de sa capacité à attirer des investisseurs.
Ces nouveaux développements du feuilleton grec combinés à plusieurs indicateurs solides ont permis au marché parisien de repartir vers les 4.000 points, atteints rapidement en début d'année.
Statistiques-phares de la semaine, les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en février sont ressortis meilleurs que prévu, alors que les analystes s'attendaient à des chiffres très décevants en raison des tempêtes de neige qui ont sévi dans plusieurs Etats américains.
L'économie américaine a ainsi détruit 36.000 postes de plus qu'elle n'en a créés et le taux de chômage est resté stable à 9,7%, alors que le marché tablait sur une hausse de 0,1 point.
Mieux, pour les analystes de la maison de courtage Aurel, ces chiffres sont d'autant plus favorables que l'impact de ces conditions météorologiques exceptionnelles n'est pas connu et qu'elles ont pu peser défavorablement.
"En espérant que le mois de mars sera plus clément que ses deux prédécesseurs d’un point de vue météo, les créations d’emplois devraient nettement rebondir. Et ce pendant plusieurs mois, comme l’indique la forte remontée des indices +emplois+ des enquêtes ISM" publiées cette semaine, souligne Marc Touati de Global Equities dans sa note d'analyse.
Malgré ce contexte plus favorable, le tableau est loin d'être idyllique: les promesses de ventes de logements ont montré qu'aux Etats-Unis le secteur immobilier n'est pas encore sorti d'affaire et les constats des banques centrales, américaine, britannique et européenne, ont été dans le sens de la prudence.
Publié mercredi soir, "le Livre Beige de la Fed est dans l'esprit de ce qu'ont annoncé par la suite les banques centrales en Europe", estime François Duhen, du CM-CIC, à savoir "prudent sur l'emploi et la consommation".
Les propos tenus jeudi soir par Jean-Claude Trichet et l'annonce par la Banque d'Angleterre (BoE) qu'elle ne met pas un terme à son programme de rachats d'actifs confirme que l'on est dans "une logique de reprise mais que les perspectives ne sont pas réjouissantes", a également estimé l'analyste.
Après une semaine riche sur le plan macroéconomique et alors que le gros des publications de sociétés a été réalisé, le marché aura moins de ressort la semaine prochaine, d'autant plus que peu de statistiques sont attendues.
Il risque ainsi de surveiller attentivement les décisions macroéconomiques concernant la Grèce (telle qu'une éventuelle nouvelle émission obligataire) et les annonces que pourrait faire le président américain Obama sur l'évolution de ses politiques de régulation, a expliqué M. Duhen.