Le groupe bancaire BPCE, qui coiffe les Caisses d'Epargne et les Banques populaires, et sa filiale cotée Natixis ont annoncé dimanche qu'ils allaient simplifier les liens qui les unissaient sous forme de participations croisées et publié par anticipation des résultats en baisse.
Depuis sa naissance, en 2006, Natixis détient une participation de 20% dans les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires sous forme de certificats coopératifs d'investissement (CCI), un substitut d'action émis par les établissements mutualistes qui n'ont pas d'actionnariat.
Initialement, cette participation devait permettre à Natixis, très axée sur le développement de la banque de financement et d'investissement, de bénéficier, pour partie, du résultat des caisses régionales.
Le socle de la banque de détail, aux revenus moins fluctuants, devait ainsi lui apporter de la stabilité. Ce schéma était en partie calqué sur celui du Crédit Agricole, un autre groupe mutualiste doté d'une filiale cotée.
"Aujourd'hui, on n'a plus besoin d'afficher une contribution de la banque de détail dans les résultats de Natixis", a fait valoir le président du directoire de BPCE, François Pérol, également président du conseil d'administration de Natixis.
Les caisses régionales vont donc racheter cette participation de 20% pour 12,1 milliards d'euros, opération qui n'aura pas d'impact sur le résultat de Natixis ou de BPCE et un effet "marginal" sur les ratios de fonds propres de BPCE.
Au terme de ce rachat, la participation de BPCE au capital de Natixis demeurera inchangée, à hauteur de 72%.
"C'est l'affirmation du caractère mutualiste du groupe et du redressement de son profil financier", a justifié M. Pérol.
L'opération va permettre à Natixis de verser à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 2,0 milliards, soit 65 centimes par action.
C'est un montant important au regard du cours de l'action de 2,84 euros vendredi soir. Mais il est loin d'effacer les pertes des actionnaires initiaux qui ont payé leurs titres 19,55 euros lors de l'introduction en Bourse.
--- pas un préalable à un retrait de la cote ----
La modification de structure dévoilée dimanche va permettre de simplifier un montage complexe.
Car pour atténuer l'effet de l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III, les deux établissements avaient dû ajouter une couche à l'ensemble début 2012.
Une émission obligataire intégralement souscrite par BPCE avait ainsi permis à Natixis de neutraliser une partie des risques liés à sa participation dans les caisses régionales et d'améliorer ses ratios de fonds propres.
"C'est une opération de simplification que nous pouvons faire maintenant, compte tenu de nos résultats et de notre solvabilité", a expliqué M. Pérol.
En lourde perte en 2008 et 2009, Natixis a depuis soldé une bonne partie de l'héritage d'aventures hasardeuses aux Etats-Unis. Elle a publié dimanche un nouveau bénéfice annuel pour 2012, le troisième d'affilée même s'il est inférieur de 42% à celui de 2011, à 901 millions d'euros.
Même si elle a pâti, en 2012, du ralentissement général de la banque de financement et d'investissement, constaté dans l'ensemble des grands établissements occidentaux, Natixis a retrouvé la confiance des marchés et s'inscrit désormais dans une trajectoire de développement.
BPCE a lui annoncé un bénéfice de 2,15 milliards d'euros, en repli de 18,5% sous l'effet d'éléments exceptionnels qui ont amputé le résultat à hauteur de 607 millions.
Pour couper court à toute spéculation quant à l'opération capitalistique annoncée dimanche, M. Pérol a assuré qu'elle n'était "le préalable ni à une fusion entre BPCE et Natixis, ni au retrait de la cote de Natixis, car avoir accès aux marchés de capitaux continue de présenter un intérêt."
"Ce n'est pas non plus le préalable à une vente totale ou partielle des activités de Natixis", a affirmé le dirigeant.