Après une première journée studieuse, les ministres et les leaders syndicaux et patronaux se retrouvent mardi pour tenter d'aboutir à un agenda sur les grandes réformes du quinquennat, que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault annoncera en fin de journée.
La grand-messe a été ouverte lundi par le président François Hollande qui a défini la méthode, saluée par les partenaires sociaux :"introduire la culture de négociation" en France qu'il veut inscrire dans le marbre de la Constitution.
Les débats organisés en sept tables rondes, axés sur les principaux défis à relever en cette période de crise -emploi, redressement économique, protection sociale- reprennent mardi matin à huis-clos avant une synthèse qui sera présentée par Jean-Marc Ayrault.
Plusieurs ministres sont mobilisés pour animer les débats, notamment Michel Sapin (Travail), Marisol Touraine (Affaires sociales), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou encore Marylise Lebranchu (Fonction publique).
Invité à faire le bilan de la première journée, M. Montebourg a jugé lundi "le climat de la conférence très constructif". "Le dialogue est d'essence patriotique", s'est-il félicité.
Aucune annonce précise n'est attendue pour mardi, puisque l'objectif est de définir les thèmes, les modalités et le calendrier pour aboutir à des réformes consensuelles et sortir de la situation jugée catastrophique pour les entreprises en perte de compétitivité et pour les salariés sur fond de multiplication des plans sociaux et de baisse du pouvoir d'achat.
"J'ai plutôt vu des avancées que des blocages", a déclaré Michel Sapin lundi en fin de journée mais "nous n'en sommes pas ce soir à vous dire où sont les convergences". Il y a encore mardi qui, selon lui, est "un moment très important, où à partir des analyses des constats qui ont été faits, des convergences pourront, je l'espère, se mettre en oeuvre".
Pour l'heure, les divergences restent profondes entre syndicats et patronat à la fois sur le diagnostic et les solutions à apporter.
"L'objectif n'est pas d'arriver forcément à un diagnostic partagé", a d'ailleurs prévenu le numéro un de FO Jean-Claude Mailly.
Ainsi sur la compétitivité, la patronne du Medef Laurence Parisot insiste sur le coût du travail et la rigidité du marché du travail pénalisant, selon elle, les entreprises. Elle prévoit des dépôts de bilan en série à la rentrée.
De son côté, François Chérèque numéro un de la CFDT, reconnaît la nécessité d'alléger le coût de la protection sociale qui pèse sur les entreprises en basculant une partie sur la CSG. Une piste que le gouvernement explore mais que la CGT et FO repoussent farouchement.
"Mais la compétitivité n'est pas seulement un problème de coût du travail", prévient M. Chérèque. Un avis partagé par son homologue de la CGT Bernard Thibault qui pointe aussi les carences de la stratégie industrielle.
Autre sujet de discorde, cette fois entre syndicats et gouvernement, l'emploi et les salaires dans la Fonction publique, alors que le gouvernement prévoit la réduction d'effectifs dans les ministères non prioritaires.
Les syndicats réclament une évaluation des missions de service public avant de réduire la voilure.
A droite comme à l'extrême gauche, on ironise. "L'économie française n'a pas un an à attendre, face à l'urgence extrême de la crise", a jugé l'ancien Premier ministre UMP François Fillon.
Philippe Poutou, ancien candidat du NPA à la présidentielle, a prévenu que faute de mesures d'urgence la conférence sociale pourrait "bien se passer dans la rue à la rentrée".