La date de dépôt des offres pour le rachat des Librairies Chapitre a été fixée au 2 décembre, a annoncé jeudi le président du réseau, qui a déploré le refus de certaines maisons d'édition de livrer les magasins pour Noël, par crainte de ne pas être payées.
"Il nous faut accélérer le processus de transmission des librairies, on respectera très fermement la date du 2 décembre parce qu'au bout d'un moment la clientèle sera trop abîmée", a affirmé Michel Rességuier à l'AFP, rappelant que quatre librairies avaient été cédées (deux à Toulouse, une à Mont-Saint-Aignan près de Rouen et une à Dax).
Après avoir lancé un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en avril qui envisageait la vente ou la fermeture de 12 librairies et la suppression de 271 emplois sur 1.200, la direction a annoncé début octobre la mise en vente de toutes ses librairies (57), avec pour objectif d'achever la cession avant l'été 2014.
"Mais, le projet est assombri par la décision des principales maisons d'édition de bloquer les livraisons des librairies pour Noël, refusant jusqu'à maintenant toutes les garanties proposées par les pouvoirs publics et l'actionnaire (de Chapitre, ndlr), Actissia", a déploré le président des Librairies Chapitre.
Certains éditeurs, dont le groupe Gallimard-Flammarion, "ont soutenu" Chapitre, selon M. Rességuier, mais "d'autres, au premier rang desquels le groupe Hachette, ont refusé".
"Najafi, l’actionnaire américain d’Actissia, n’a pas jugé bon de jouer son rôle d’actionnaire. Or ce n'est pas aux fournisseurs de se substituer à lui", a-t-on rétorqué chez Hachette (Lagardère).
"La plupart des éditeurs et distributeurs" ayant participé à une réunion du Comité Interministériel de Restructuration Industrielle, le "CIRI, à Bercy, ont été unanimes pour adopter cette position ", a-t-on ajouté en soulignant "l'absence de garanties crédibles".
"Si de telles garanties avaient été effectivement proposées, Hachette Livre les auraient examinées attentivement, ainsi sans doute que les autres fournisseurs".
M. Rességuier a de son côté estimé que "toutes les garanties nécessaires à assurer le paiement des commandes pour Noël (avaient) été présentées aux éditeurs".
"On continue à discuter avec eux, mais là, cela commence à devenir urgent", a-t-il ajouté.
"On ne peut pas laisser la clientèle quitter nos librairies parce qu'ils ne trouvent pas les produits qu'ils viennent chercher. Au bout d'un moment (...), il n'y aura plus de repreneur parce qu'il n'y aura pas de reprise possible", s'est alarmé le responsable.
La CGT, premier syndicat du réseau de librairies, a estimé que le refus des principales maisons d'édition allait "précipiter la chute" du réseau.
"C'est Hachette qui a toujours donné le +la+, si le groupe décide de ne pas suivre, les autres éditeurs ne suivront plus non plus et même ceux qui avaient décidé de soutenir" les Librairies Chapitre, a déploré Clémence Devincre (CGT) auprès de l'AFP.
Un comité d'entreprise est prévu le 8 novembre. Le syndicat a également rendez-vous au ministère de la culture le 12 novembre.
Aurélie Filippetti avait annoncé début octobre que le gouvernement étudierait la possibilité pour le réseau de librairies de bénéficier du plan d'aide à la librairie indépendante et qu'elle allait donc recevoir direction et représentants du personnel.
Le réseau Librairies Chapitre est une filiale du groupe Actissia (France Loisirs, Chapitre.com, entité séparée des librairies), numéro 2 de la distribution du livre en France.