PARIS (Reuters) - Répétiotion du titre.
Amnesty International a appelé mercredi les dirigeants européens à mettre en place un plan immédiat de sauvetage des migrants en Méditerranée, à la veille d'un conseil européen extraordinaire convoqué après une série de naufrages meurtriers.
En attendant son déploiement, l'association demande à l'Union européenne de fournir une aide matérielle et financière aux autorités italiennes et maltaises, qui assument en grande partie les opérations de secours en mer.
"Il aura fallu attendre les 3.400 morts de l'année dernière, les 1.000 morts de cette semaine pour qu'enfin, un véritable sommet soit convoqué à Bruxelles", a déploré lors d'un point presse à Paris Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France.
"Nous demandons qu'il y ait à la fois le sauvetage en mer mais aussi des voies d'accès (terrestres) sécurisées pour les réfugiés qui tentent de venir", a-t-elle ajouté.
Dans un rapport rendu public mercredi, l'association souligne que l'abandon, en novembre 2014, de l'opération de sauvetage de la marine italienne, Mare Nostrum, a contribué à l'augmentation du nombre de morts en mer et n'a pas enrayé les traversées, en provenance essentiellement de Libye.
En janvier et février, leur nombre a augmenté de 42% par rapport aux deux premiers mois de 2014, précise-t-elle.
Près de 900 personnes cherchant à rejoindre l'Europe ont péri noyées en Méditerranée durant les trois premiers mois et demi de 2015, contre 17 durant la même période en 2014, selon l'Onu.
Un bateau de pêche qui a chaviré dans la nuit de samedi à dimanche au large des côtes libyennes, a ajouté potentiellement 900 victimes supplémentaires, venues d'Afrique et du Bangladesh, à ce bilan.
PRESSION SUR LES NAVIRES PRIVÉS
Dans la foulée de cette catastrophe humanitaire, l'Union européenne a proposé lundi de doubler les moyens alloués à ses opérations de patrouilles en Méditerranée --Triton et Poséidon-- et d'étendre la zone maritime qu'elles couvrent.
Mais ces annonces n'ont pas convaincu Amnesty International, qui souligne que Triton et Poséidon, dont les moyens sont bien inférieurs à ceux de Mare Nostrum, sont gérées par l'agence Frontex, dont le mandat ne couvre pas les sauvetages en mer.
Triton effectue des patrouilles jusqu'à 55 km des côtes italiennes et maltaises, loin des côtes lybiennes au large desquelles se produisent l'essentiel des naufrages, ajoute-t-elle.
"Soit la Commission européenne joue sur les mots, soit elle a oublié la notion de sauvetage de vies en mer, soit alors il (reviendra) aux chefs d'Etat de rectifier le tir demain", estime Jean-François Dubost, responsable du programme "Personnes déracinées" chez Amnesty International France.
L'association appelle de ses voeux un programme au moins aussi ambitieux que Mare Nostrum, qui mobilisait 900 personnes et a permis de sauver 170.000 vies en 2014. "C'est le minimum", dit-il.
Faute d'opération assez vaste, de plus en plus de navires privés sont contraints de porter secours aux migrants, indique Amnesty, une situation jugée "intenable" par les principales associations de l'industrie du transport maritime et des syndicats de marins.
"Ces navires commerciaux ne sont pas équipés, formés et habitués à des opérations de sauvetage", et leurs tentatives de secours peuvent être dramatiques, souligne Jean-François Dubost.
Depuis le début de l'année, on estime que 35.000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée pour fuir la pauvreté, la misère, les violences et les guerres.
(Chine Labbé)