La production industrielle chinoise a connu une accélération surprise en octobre, tandis que les exportations du pays rebondissaient, mais les experts accueillent prudemment cette prolongation du regain de vigueur estival de la deuxième économie mondiale.
La production industrielle -- indicateur permettant de jauger l'activité des usines et ateliers du pays -- a augmenté de 10,3% sur un an en octobre, une légère accélération par rapport à septembre, a annoncé samedi le Bureau national des statistiques (BNS).
Cette progression était sensiblement supérieure aux attentes des analystes interrogés par l'agence Dow Jones, qui tablaient au contraire sur un ralentissement à +10,0%.
"Cela montre que nous sommes encore dans une dynamique solide (...) Certes, ce n'est pas une grande accélération mais ce n'est pas non plus un ralentissement", a commenté Tao Wang, économiste chez UBS, citée par Dow Jones Newswires.
Selon elle, cette robustesse s'explique par le net rebond des échanges commerciaux enregistré le mois dernier.
Après un repli inattendu en septembre, les exportations chinoises se sont reprises en octobre, progressant de 5,6% sur un an, plus qu'anticipé par les analystes -- selon des chiffres publiés vendredi par les douanes.
De leur côté, les ventes de détail ont augmenté de 13,3% sur un an en octobre, se maintenant au même rythme que le mois précédent, tandis que sur les dix premiers mois de l'année, les investissements en capital fixe -- dont l'économie chinoise reste très dépendante -- ont progressé de 20,1%.
"Le regain de vigueur (de l'économie) est un peu plus fort et plus durable que ce que les marchés attendaient (...) Ces derniers auront peut-être à réviser en hausse leurs prévisions pour la croissance du quatrième trimestre", ont observé les analystes de Bank of America Merrill Lynch.
La Chine a vu sa croissance économique accélérer à 7,8% au troisième trimestre 2013, après deux trimestres de ralentissement, notamment sous l'impulsion d'"un mini plan de relance", dont des exemptions fiscales, adopté par Pékin en juillet pour stimuler l'activité.
Depuis, les indicateurs encourageants se succèdent mais les analystes s'attendent à voir la croissance retomber dans les trois derniers mois de 2014 -- les analystes de Bank of America Merrill Lynch tablant eux-mêmes sur +7,7%.
Ces derniers avertissent d'ailleurs que, "même si les statistiques d'octobre sont bonnes pour le moral des marchés, elles viendront aussi renforcer les craintes de voir le gouvernement modérer ses mesures de relance, ou même durcir" sa politique économique.
Pour les économistes de la banque japonaise Nomura, maintenant que l'activité est à nouveau sur les rails, le gouvernement emmené depuis mars par le Premier ministre Li Keqiang devrait remettre l'accent sur le rééquilibrage de l'économie... au détriment des investissements dans les infrastructures, quitte à entamer le PIB du pays.
Les haut-responsables du Parti communiste chinois ont débuté samedi une réunion plénière où doivent être discutées des réformes économiques "historiques", qui pourraient notamment viser à réduire le rôle d'un secteur public souvent hégémonique.
La Banque populaire de Chine a pour sa part cessé sur la deuxième quinzaine d'octobre ses opérations régulières (d'injections de liquidités) sur les marchés -- pour la première fois depuis juillet. La réduction des liquidités en circulation avait alors provoqué un bond des taux interbancaires et fait tanguer les Bourses.
Mais le resserrement du crédit ne se fera que progressivement, soutient-on chez Bank of America Merrill-Lynch, d'autant que "l'inflation n'est pas une menace".
Dopée par le renchérissement des produits alimentaires (légumes et viandes en particulier), la hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation, a légèrement accéléré en octobre, à 3,2% sur un an, mais reste bien en deçà de la limite des 3,5% que s'est fixé Pékin.
Autre ombre sur la croissance: l'embellie du commerce extérieur ne devrait pas durer, et les exportations devraient reprendre le chemin du déclin, minées par la fragilité persistante de la demande mondiale et l'appréciation du yuan, rappelle Shen Jianguang, analyste de Mizuho Securities Asia.
Signe avant-coureur morose, les contrats pour l'exportation signés à la foire commerciale de Canton, la plus grande du pays, qui s'est achevée le week-end dernier, ont atteint en valeur leur plus bas niveau en quatre ans.