Le nombre d'inscrits à Pôle emploi fin juillet sera connu ce mardi alors que le gouvernement multiplie les déclarations de confiance sur une inversion de la courbe du chômage en fin d'année, grâce aux emplois subventionnés.
Le gouvernement, qui voit l'échéance se rapprocher, espère enfin enrayer la hausse continue des demandeurs d'emploi depuis plus de deux ans.
En juin - 26e mois de hausse -, un nouveau record avait été atteint avec 3,279 millions de personnes sans activité en métropole (+14.900 en un mois).
Malgré le grand scepticisme de l'opinion, l'exécutif affiche une pleine confiance dans la promesse présidentielle.
"Oui, nous inverserons la courbe du chômage (...) d'ici la fin 2013", a réaffirmé dimanche le ministre du Travail Michel Sapin, estimant que si les chiffres de juillet marquent "un ralentissement", "c'est que nous allons dans la bonne direction parce qu'avant d'inverser, il faut arrêter". Le mois dernier, M. Sapin s'était dit convaincu déjà que le gouvernement était en "phase" de "stopper la hausse" et avait noté une "amélioration" malgré l'augmentation.
Optimisme aussi du côté de son collègue de l'Economie Pierre Moscovici, rasséréné par un rebond inespéré de la croissance au deuxième trimestre (+0,5% selon l'Insee). L'inversion "va arriver d'ici la fin de l'année. J'en ai la conviction, une conviction informée", estimait ce dernier il y a quelques jours. "Je suis confiant sur l'inversion de la courbe du chômage. Nous allons y arriver", avait insisté le président en enchaînant début août les déplacements sur le thème de l'emploi pour marteler que les signaux de reprise étaient là.
Pour l'heure, la reprise économique n'est pas suffisante pour créer des emplois dans le secteur privé. Au deuxième trimestre, 27.800 postes ont encore été détruits, selon l'évaluation de l'Insee qui prévoit une augmentation du chômage à 10,7% fin 2013 en métropole (contre 10,4% actuellement).
A court terme, une amélioration de l'emploi privé "ne suffira pas" à inverser la courbe mais les emplois subventionnés "montent en charge" pour porter l'embellie fin 2013, assure M. Moscovivi.
Parmi ces emplois en partie financés par l'Etat figurent les emplois d'avenir destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, essentiellement dans le secteur non-marchand. La barre des 50.000 (sur un objectif de 100.000 fin 2013) a été franchie en août. Ces contrats s'ajoutent aux emplois aidés classiques (440.000 dans le non-marchand, 50.000 dans le privé) programmés par l'actuel gouvernement, qui en a allongé la durée.
Pas de "bon thermomètre" unique
Par ailleurs, le plan de formations prioritaires de chômeurs pour pourvoir d'ici à décembre 30.000 emplois vacants est lancé. Le but est d'arriver à 100.000 d'ici à fin 2014.
Conscient d'entrer dans "une période où l'observation des chiffres devient déterminante", le ministère du Travail s'emploie déjà par avance à déminer les éventuelles "ambiguités ou incompréhensions" sur les statistiques qui serviront de "thermomètre" pour jauger la promesse présidentielle.
Le chiffre "de référence" sera "naturellement" celui des demandeurs d'emploi sans activité inscrits à Pôle emploi (catégorie A). Mais l'autre grand indicateur, le chômage au sens du BIT calculé trimestriellement par l'Insee, sera "aussi" à considérer, ajoute-t-on. Le taux du deuxième trimestre doit être publié le 5 septembre.
"Il n'y a pas deux courbes, c'est la même", insistait-on au ministère à la veille de la publication en livrant un autre message "préventif": le "freinage, puis le retournement de la courbe" devra être analysé en "tendance", sur "plusieurs mois".
En mai, l'accalmie fragile enregistrée avait été largement alimentée par des sorties de listes de chômeurs n'ayant pas "actualisé" leur situation, démontrant une fois de plus le caractère extrêmement volatil des statistiques mensuelles de Pôle emploi.
En outre, le gouvernement portera mardi une attention particulière à l'évolution des jeunes inscrits, traditionnellement plus sensible à la conjoncture. Leur nombre avait diminué en mai et juin. Sur ce terrain "avancé" de la bataille pour l'emploi, "l'inversion est commencée", estimait-on au ministère du Travail. Reste à savoir si elle sera "durable".