La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a été désignée mardi directrice générale du FMI, devenant la première femme à diriger cette institution financière internationale.
Mme Lagarde, 55 ans, doit commencer le 5 juillet un mandat de cinq ans, à un moment crucial pour le Fonds monétaire international. Car l'institution de Washington est aux prises en Grèce avec l'une des plus graves crises économiques qu'il ait eu à gérer dans son histoire.
La Française n'avait face à elle qu'un seul candidat, le gouverneur de la Banque du Mexique Agustin Carstens, 53 ans. Tous deux ont fait campagne dans le monde entier avant de plaider leur cause devant le conseil d'administration.
Le soutien apporté mardi par les Etats-Unis à la Française a achevé d'enlever tout suspense. Puis deux pays émergents très critiques des Européens, le Brésil et l'Inde, ont indiqué qu'ils soutenaient Mme Lagarde.
L'importance de ces voix a permis aux 24 membres du conseil d'administration de choisir rapidement Mme Lagarde, "par consensus", a indiqué le FMI dans un communiqué.
Celle-ci a remercié l'instance pour le "large soutien" dont elle a bénéficié.
"Le FMI a été au service de ses 187 pays membres pendant la crise économique et financière mondiale, ce qui l'a amené à évoluer profondément", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
"Mon objectif premier à la tête de notre institution sera de faire en sorte qu'elle continue dans cette voie avec la même détermination et le même engagement", a-t-elle indiqué.
Sa première réaction était venue sur Twitter, cinq minutes après l'annonce officielle: "je suis honorée et ravie que le conseil d'administration me confie le poste de directrice générale du FMI".
Paris s'est félicité de conserver ce poste. La désignation de Mme Lagarde est "une victoire pour la France" et "la présidence française se réjouit qu'une femme accède à cette importante responsabilité internationale", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
Mme Lagarde avait l'avantage d'être très bien connue des grands Etats membres du FMI. En quatre ans au poste de ministre des Finances, elle a régulièrement côtoyé tous les grands argentiers de la planète, et plus encore depuis que la France a pris la présidence du G20 en novembre.
La direction du FMI est la chasse gardée des Européens depuis 1946, grâce à un accord tacite avec les Etats-Unis, qui monopolisent la présidence de la Banque mondiale.
Mardi, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a prolongé cette tradition. "Le talent exceptionnel et la vaste expérience de Mme Lagarde apporteront une direction incomparable à cette institution, indispensable à un moment critique pour l'économie mondiale", a-t-il affirmé dans un communiqué.
Une tradition que l'organisation non gouvernementale Oxfam a aussitôt dénoncée. "Ce simulacre de processus de nomination porte préjudice à la crédibilité du FMI", a estimé Oxfam dans un communiqué. "Des rumeurs avaient circulé quant à une certaine ouverture, mais avant que les candidats aient été auditionnés, la décision était déjà prise".
Mme Lagarde succède à un autre Français, Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné à la mi-mai après trois ans et demi à la tête du FMI, et qu'elle a dit mardi espérer rencontrer prochainement si la justice le permet.
Il paraissait très probable que M. Strauss-Kahn quitte son poste pour participer à la campagne présidentielle en France en 2012. Mais son arrestation à New York dans le cadre d'une affaire de crimes sexuels a précipité les événements.
M. Carstens a salué la désignation de sa rivale, la qualifiant de "dirigeante très compétente".
Mme Lagarde doit assister au conseil des ministres de mercredi, puis démissionner de son ministère et atterrir à Washington lundi.
La gestion de la crise grecque devrait l'occuper très rapidement. Elle a appelé mardi les partis politiques à Athènes à "une entente nationale" et les créanciers de la Grèce à rester "au chevet" de ce pays en crise.