Devant ce magasin Toys R Us de la banlieue de Chicago, des centaines d'Américains espérent tomber sur une bonne affaire "vendredi noir", la rituelle journée de soldes-monstres qui suit la fête de Thanksgiving, marquée cette année par plusieurs épisodes violents.
"C'est une chasse au trésor, c'est comme un grand jeu", s'extasie Michelle Steiner.
Devant cet antre du jouet, il fait froid, mais ça n'est rien comparé à l'année où Mme Steiner a dû affronter la neige pour faire main basse sur des bonnes affaires.
C'est que le "Black Friday" est une institution aux Etats-Unis, au même titre que Thanksgiving, la grande fête familiale qui le précède.
Des pantalons qui affichent -20%, des chandails à -50%: à l'image de la chaîne de grands magasins Macy's, les enseignes américaines rivalisent pour attirer le chaland. Pour faire face à l'engouement, nombreuses sont celles qui ont ouvert dès minuit.
Quelques minutes après l'ouverture du Toys R Us de Vernon Hills, Michelle Steiner confiait qu'une amie venait d'être témoin d'un "pugilat pour des articles à deux dollars" dans un supermarché Wal-Mart, la plus grande chaîne de distribution du pays.
Le "vendredi noir" a engendré plusieurs épisodes de violence.
Sur la côte est, en Caroline du Sud, des voleurs qui tentaient de détrousser une femme de 55 ans sur le parking d'un Wal-Mart lui ont tiré une balle dans le pied, selon la chaîne locale WMBF. Une de ses amies a réussi à faire prendre la fuite aux agresseurs en tirant des coups de feu en l'air avec sa propre arme.
Et sur le parking du Wal-Mart de San Leandro en Californie, un client a été la cible de tirs d'armes à feu, alors qu'il se dirigeait vers sa voiture, après avoir fait des achats.
Vendredi matin, il était dans un état "critique mais stable", a indiqué le sergent Mike Sobek à l'AFP.
Jeudi soir, dans le nord de Los Angeles, dans un autre Wal-Mart, une femme armée d'un vaporisateur a aspergé les autres chalands de gaz paralysant pour se frayer un chemin et atteindre le plus vite possible des consoles de jeux et des poupées. Une vingtaine de personnes ont reçu du gaz et ont dû être traitées.
"Au minimum, elle va être inculpée pour agression (...). Ca n'est pas très malin de sa part", a expliqué le sergent A.J. Bellis à la presse.
Selon des témoins, au milieu du chaos, la femme a tout de même réussi à s'emparer d'une console XBox. Après l'avoir payée, elle a quitté le magasin.
La police est toujours à sa recherche.
Les grandes chaînes misent sur cette journée un peu particulière pour donner le coup d'envoi de la saison des achats qui culmine à Noël.
Cette année, les magasins ont ouvert dès la soirée de jeudi, encore plus tôt que d'habitude.
Toys R Us a ouvert à 21H00, les supermarchés Target, les grands magasins Kohl's et Macy's ont commencé dès minuit, et non pas à 5H00 du matin comme les années précédentes.
Les enseignes "essayent toutes de se grignoter des parts de marché les unes aux autres", explique à l'AFP Cynthia Groves, du cabinet de consultants Newmarket Knight Frank.
L'enjeu financier est crucial. Le "vendredi noir" peut rapporter jusqu'à 20 milliards de dollars, selon le cabinet d'analyses SpendingPulse.
Malgré une économie toujours morose, l'Association nationale des commerçants de détail s'attend à ce que 152 millions de personnes fréquentent les magasins entre vendredi et dimanche. Il s'agirait d'une augmentation de 10% par rapport à l'an dernier.
Au chapitre politique, la Maison Blanche n'a pas perdu l'occasion de mettre le "vendredi noir" à profit en proposant sur le compte Twitter du président @BarackObama une "réduction de 10% sur tout achat d'articles" faisant la promotion du président pour sa réélection l'an prochain, comme des tasses à café, des autocollants...