La Bourse de Paris, qui a reculé cette semaine sous l'effet de la flambée de l'or noir, va chercher des nouveaux relais de croissance dans les publications de sociétés et une riche actualité macroéconomique pour tenter de dissiper ses inquiétudes sur le monde arabe.
"Les prochains jours vont être très denses", prévient Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse, "d'un point de vue microéconomique --on attend une dernière salve de résultats-- et macroéconomique, avec notamment une réunion de la BCE qui sera très suivie par le marché".
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a aligné quatre séances consécutives de baisse avant de se redresser nettement vendredi (+1,51%) à la faveur d'une stabilisation des cours de l'or noir. Il cède 2,09% pendant les cinq derniers jours.
"La semaine s'est résumée en deux mots: +Kadhafi+, +pétrole+. Les autres annonces ont été reléguées au second plan", souligne Claire Chaves d'Oliveira, stratégiste chez Groupama AM.
La révolte en Libye n'a cessé de s'intensifier et l'étau s'est resserré autour de Mouammar Kadhafi, qui ne contrôle plus l'est du pays aux mains de l'opposition et fait face à de violents combats à l'ouest.
Les grands terminaux pétroliers libyens --par où transite l’essentiel de la production pétrolière du pays de plus d’un million et demi de barils par jour-- ont échappé au contrôle du colonel.
Dans la foulée, le baril a frôlé les 120 dollars jeudi avant de se replier légèrement vendredi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ayant promis d'agir pour sécuriser le marché en cas de perturbations dans l'approvisionnement.
La situation dans le monde arabe concentrera de nouveau toutes les attentions la semaine prochaine.
"Pour l'instant, il n'y a rien d'alarmant", estime Mme Chaves d'Oliveira.
"La remontée des cours du brut a été un prétexte à des prises de bénéfices dans un marché qui avait besoin de reprendre son souffle après sa forte progression depuis le début de l'année (+6,5%, NDLR)", a-t-elle ajouté.
Désormais, deux scénarios se profilent, selon les analystes.
Si "les violences se propagent à d'autres pays producteurs de pétrole, comme l'Arabie saoudite, le pire est à craindre", commente M. Murail qui prend toutefois acte de la volonté de Ryad d'apaiser les esprits en annonçant le déblocage de 36 milliards de dollars d'aide sociale.
Mais si "les tensions se stabilisent, de bonnes statistiques et des publications d'entreprises particulièrement favorables devraient permettre au marché parisien de reprendre courage", selon Mme Chaves d'Oliveira.
De nombreuses stars de la cote vont publier leurs résultats comme Vivendi, Bouygues (mardi), Essilor (mercredi), GDF Suez, Carrefour (jeudi) ou Veolia Environnement (vendredi).
Beaucoup d'indicateurs, baromètres importants pour mesurer la vitalité économique d'un pays, sont attendus notamment aux Etats-Unis avec les chiffres de l'emploi et les indices ISM d'activité dans l'industrie manufacturière et dans les services en février. En zone euro, le PIB pour le quatrième trimestre sera publié vendredi.
Autre temps fort de la semaine, la réunion jeudi du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).
"Les craintes d'accélération de l'inflation liée à l'explosion du cours du pétrole compliquent la donne pour les banques centrales", souligne François Duhen du CM-CIC.
Dans l'immédiat, les analystes ne s'attendent toutefois pas à une remontée des taux directeurs de l'institution.