Le géant énergétique français Total a accepté de payer au total près de 400 millions de dollars aux autorités américaines pour mettre fin à des accusations de versement de pots-de-vin pour obtenir des contrats publics en Iran.
Total, coté sur le New York Stock Exchange, va verser 153 millions de dollars à la Commission américaine des opérations de bourse (SEC) et 245,2 millions de dollars au département américain de la Justice (DoJ), d'après deux communiqués publiés mercredi par ces institutions.
La SEC accuse Total d'avoir payé "60 millions de dollars de pots-de-vin à des intermédiaires d'un responsable gouvernemental iranien qui a usé de son influence pour aider le groupe à obtenir d'importants contrats pour développer des champs pétroliers et gaziers en Iran", d'après le communiqué.
Total a réalisé plus de "150 millions de dollars de bénéfices grâce à ce système" de dessous-de-table, que le français "a tenté d'occulter grâce à de faux contrats de conseil avec ces intermédiaires et en les qualifiant de +dépenses de développement d'activité+", précise la SEC.
Parallèlement, le parquet de Paris a requis mercredi le renvoi en procès de Total et de son patron Christophe de Margerie pour corruption d'agents publics étrangers, dans le cadre d'une enquête sur des contrats pétroliers et gaziers avec des sociétés iraniennes dans les années 1990 et 2000.
Cette enquête avait valu au patron de Total d'être mis en examen pour "corruption d'agents publics étrangers et abus de biens sociaux" en mars 2007.
"Nous avons annoncé aujourd'hui la première offensive coordonnée par des autorités françaises et américaines dans une affaire de corruption de premier plan", s'est félicitée l'assistante du ministre américain de la Justice, Mythili Raman, citée dans le communiqué.
"Nos deux pays travaillent plus étroitement que jamais pour combattre la corruption d'entreprise et Total, qui a obtenu des contrats grâce à des pots-de-vin, en paie aujourd'hui les conséquences sur deux continents", a-t-elle ajouté.
Total, qui négociait avec les autorités américaines depuis des mois sur ce dossier, avait indiqué l'été dernier avoir provisionné 316 millions d'euros soit environ 400 millions de dollars en vue de futurs règlements amiables.