La France et la Russie ont signé mardi à Saint-Nazaire un accord intergouvernemental qui prévoit la fabrication de quatre porte-hélicoptères français de type Mistral, deux fabriqués majoritairement en France et deux en Russie, a-t-on appris auprès de l'Elysée.
Un précédent accord franco-russe avait été annoncé fin décembre, portant sur la fabrication de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral aux chantiers STX, à Saint-Nazaire, et faisait état de la construction en option de deux autres exemplaires du Mistral.
Dans la foulée de cet accord, le sénateur américain John McCain s'est dit fermement opposé à la vente de ces quatre porte-hélicoptères français à la Russie.
"Je suis fermement opposé à la vente du Mistral à la Russie", a déclaré M. McCain dans un courriel envoyé à l'AFP. "Ce navire est une menace pour certains alliés des Etats-Unis et partenaires de l'Otan", a ajouté le sénateur républicain qui siège à la commission de la Défense du Sénat.
Par ailleurs, M. McCain a indiqué qu'il s'inquiétait du fait que cette décision puisse "créer un précédent, gênant au sein de l'Otan, de vente d'armes de haute technologie au gouvernement russe".
Signé aux chantiers STX par le ministre de la Défense, Alain Juppé, et le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, l'accord intergouvernemental de "coopération" de mardi précise que "les gouvernements des deux pays s'accordent pour apporter leur plein soutien à la construction de deux BPC en France et de deux BPC en Russie", selon un communiqué conjoint franco-russe.
"Ce projet est le plus important parmi ceux jamais réalisés par la Russie et par un pays occidental dans ce domaine", poursuit le texte, affirmant qu'il garantira "de très nombreux emplois pour les entreprises russes et françaises" et ouvrira "de nouvelles perspectives de coopération" entre les deux pays.
En décembre, l'Elysée avait indiqué que la construction des deux bâtiments en France représentait "l'équivalent de 5 millions d'heures de travail ou 1.000 personnes pendant quatre ans, en majorité à Saint-Nazaire".
Mardi, lors d'un discours devant les salariés du site de STX, le président Nicolas Sarkozy a évoqué 6 millions d'heures de travail et "1.200 emplois maintenus pour quatre ans".
Le directeur général STX-France, Jacques Hardelay, a salué mardi devant des journalistes "une étape extrêmement importante" en vue de la finalisation de la commande, qui doit être réalisée en partenariat avec le groupe français de construction navale militaire DCNS.
Le montant de l'opération n'a pas été communiqué, mais le coût unitaire du Mistral est évalué entre 500 et 700 millions d'euros selon les sources.
Le patron de la holding russe des chantiers navals OSK, Roman Trotsenko, a indiqué à l'agence russe Interfax que le prix unitaire du Mistral avait été convenu à "moins de 600 millions d'euros".
Par ailleurs, il a indiqué qu'il était prévu de signer le contrat ferme d'ici le 30 avril, selon Interfax.
M. Hardelay a précisé que le premier BPC, livrable en décembre 2013, serait construit pour 80% en France et pour 20% en Russie. S'agissant du deuxième, livrable un an plus tard, la part russe pourrait monter à 40%, selon lui. "Le rapport doit s'inverser pour les bateaux 3 et 4", a-t-il reconnu.
Le communiqué conjoint ne donne aucun détail sur d'éventuels transferts de technologie, une condition posée par Moscou qui a suscité des inquiétudes notamment aux Etats-Unis et chez les voisins de la Russie, comme la Géorgie.
M. Hardelay a toutefois confirmé que "sans transfert, il n'y a pas de commande", et que les chantiers russes, qui accusent "25 ans de retard", cherchent notamment à acquérir la technique d'assemblage de navires par "grands blocs", telle qu'elle est pratiquée à Saint-Nazaire.
"Le risque (lié aux transferts de technologie) existe mais si ce n'est pas nous, ce seront d'autres (qui les fourniront)", a-t-il affirmé, soulignant l'importance de l'ouverture sur la Russie: "Je pense qu'il n'y aura pas que les BPC. Le marché russe est un marché extraordinaire", a-t-il insisté.