A dix mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a fait lundi devant la presse la promotion de sa politique économique en dressant un premier bilan d'un "grand emprunt" selon lui incontournable pour que la France "reste une grande nation" et "préserve son modèle social".
Face à plus de 180 journalistes réunis à l'Elysée pour la quatrième conférence de presse de son mandat, le chef de l'Etat a défendu pendant une heure et demie, exemples à l'appui, sa décision de dépenser 35 milliards d'euros dans "l'innovation, la recherche et l'investissement" pour "relancer la croissance" et "ne pas subir la mondialisation".
"Jamais dans son histoire la France n'a fait un tel effort au service des investissements", a lancé d'entrée M. Sarkozy en égrenant les enveloppes attribuées à l'enseignement, la recherche et la formation (19 milliards d'euros), aux filières industrielles (6,5 mds), l'énergie et le développement durable (5 mds) et le numérique (4,5 mds).
Un an et demi après avoir lancé cet emprunt, le président a indiqué qu'une "vingtaine" des 35 milliards d'euros promis seraient engagés d'ici la fin 2011 et d'ores et déjà proclamé le "succès" de sa démarche, en se réjouissant de "l'émulation" selon lui inédite qu'elle a suscitée.
Mais au-delà du détail des projets, Nicolas Sarkozy a passé le plus clair de son temps à justifier sa politique économique et à dénoncer en creux l'irresponsabilité du programme de ses futurs rivaux socialistes de 2012.
"Ceux qui auront l'idée de revenir sur le non-remplacement d'un (fonctionnaire) sur deux (partant à la retraite), de revenir sur la réforme des retraites, de refuser une règle d'or qui obligera tout nouveau gouvernement à prévoir un budget en équilibre, ben ça sera l'explosion de la dette et l'explosion des déficits", a-t-il plaidé.
Au nom du "bon sens", Nicolas Sarkozy a ainsi souligné que les engagements de réduction des déficits pris par la France s'imposaient à tous.
"Si la France s'exonère de cette voie, elle le paiera de plus de chômeurs, de plus de délocalisations, de perte de pouvoir d'achat et d'impossibilité à financer son modèle social, c'est incontournable", a-t-il insisté à la veille de la déclaration de candidature de la patronne du PS Martine Aubry.
"Je comprends les réalités de la politique auxquelles j'ai moi-même participé", a-t-il concédé, "mais il y a une limite, c'est la responsabilité". Une seule fois Nicolas Sarkozy s'est autorisé un coup de griffe direct sur le PS en jugeant "assez rapide" l'analyse qui a présidé à son programme.
Une nouvelle fois, le chef de l'Etat a également vertement critiqué, sans la nommer, la présidente du Front national Marine Le Pen. "Ceux qui proposent la sortie de l'euro proposent rien moins que de doubler ou tripler la dette", a-t-il estimé, "c'est une folie".
Interrogé sur les ombres de son bilan, Nicolas Sarkozy a répondu que la gravité de la crise avait été "sous-estimée" mais que, grâce à son action, elle avait provoqué "moins de souffrance" en France qu'ailleurs. "Ce n'est pas un hasard si la France est préservée de tous (les) risques" qui pèsent sur la Grèce, l'Irlande ou le Portugal, s'est-il enorgueilli.
Même sur le sujet sensible du pouvoir d'achat, une des principales critiques de la gauche, le président n'a pas cédé de terrain, indices statistiques à l'appui. "Nous avons un mal infini à convaincre", a-t-il juste déploré.
Quant à l'élection de 2012, Nicolas Sarkozy s'est catégoriquement refusé à confirmer qu'il briguerait, comme tout le monde s'y attend, un second mandat en se retranchant derrière les "devoirs de (sa) charge". "Avant même de penser à un autre mandat, je dois penser à finir celui-là".