Le mouvement des "Bonnets rouges" bretons a promis de ne pas baisser les bras mercredi après l'expiration de son ultimatum contre l'écotaxe, alors que le gouvernement a prévenu qu'il serait ferme face aux auteurs de violences.
"C'est une immense mobilisation qui va se lever en Bretagne", a mis en garde mercredi Christian Troadec, maire DVG de Carhaix (Finistère) et l'un des initiateurs du mouvement des "Bonnets rouges".
Pourtant après six heures de réunions à Rennes sur l'avenir de la région mercredi, le préfet de région Patrick Strzoda a estimé que les "conditions du dialogue" étaient réunies. "Le dialogue a pu avoir lieu et il y a eu concertation, cet objectif est rempli", a-t-il commenté auprès de l'AFP. Et ce, bien que FO ait claqué la porte et que certaines parties, notamment le monde agricole, aient dénoncé "une grand messe" dépourvue d'éléments concrets.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré mercredi qu'il voulait une signature d'un Pacte avant fin novembre mais les discussions s'annoncent difficiles.
Les acteurs économiques et sociaux ont donc trois semaines pour parvenir à la signature d'un "Pacte d'avenir" pour soulager l'économie bretonne en proie à une vague de plan sociaux ces derniers mois.
De son côté, M. Ayrault a durci le ton mercredi face à la fronde bretonne. Prenant la parole dans l'après-midi devant l'Assemblée nationale, il a annoncé que les auteurs identifiés de violences et de dégradations commis à l'occasion du mouvement de colère en Bretagne feraient l'objet de "convocations devant le tribunal correctionnel de Quimper".
"Quel que soit le bien public, un portique, un radar, une école, un équipement sportif (...), ce n'est pas acceptable", a ajouté le Premier ministre. Quatre portiques écotaxe ont été détruits en Bretagne depuis le mois d'août.
Un peu plus tôt dans la journée, à l'issue du Conseil de ministres, M. Ayrault a estimé que l'ultimatum n'était pas "une bonne méthode". Le président de la République François Hollande a fixé trois "principes" : "dialogue", "respect de la loi" et "mobilisation", a rapporté la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.
"Aller au fond des choses"
En conséquence du rejet de l'ultimatum, "dans les prochains jours, on va réunir le collectif (...) pour décider de ce que l'on va faire", a déclaré à l'AFP Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et membre du collectif "Vivre, décider et travailler en Bretagne".
"La porte est fermée par Jean-Marc Ayrault", a déploré M. Merret, dont le collectif est à l'initiative de la manifestation qui a réuni samedi à Quimper entre 15.000 et 30.000 personnes coiffées de bonnets rouges.
Les Bonnets rouges réclament la suppression pure et simple de l'écotaxte, qui a simplement été "suspendue" la semaine dernière.
De leur côté, les organisations syndicales et professionnelles n'ont pas semblé convaincues de ce premier contact avec les pouvoirs publics mercredi.
En début d'après-midi, FO, proche des "Bonnets rouges", a claqué la porte des discussions, dénonçant l'absence de "réponse du gouvernement sur l'arrêt des fermetures des sites industriels".
FO et la CGT, exigent un gel des licenciements en Bretagne, une demande à laquelle la CFDT ne s'est pas associée. Interrogé par l'AFP à Paris, son numéro un, Laurent Berger, a mis en cause ceux "qui sont en train de mentir aux salariés parce qu'ils ne veulent pas assumer leurs responsabilités". "Les entreprises et les producteurs ont leur responsabilité", a affirmé le leader de la CFDT, dénonçant "l'approche productiviste développée par certains" producteurs qui n'ont "pas regardé la nécessité de la montée en qualité de la production agro-alimentaire".
Outre les partenaires sociaux et organisations patronales dans la matinée, les élus et le collectif des "acteurs économiques et sociaux" ont participé à une autre réunion l'après-midi. Parallèlement, six réunions thématiques sont planifiées jusqu'à vendredi portant sur l'agriculture et l'agroalimentaire.
Une avalanche de restructurations et de plans sociaux dans l'agroalimentaire ont eu lieu ces derniers mois, comme chez Tilly-Sabco et Marine Harvest dont les salariés multiplient ces derniers jours les actions coup-de-poing.
Aucun membre du gouvernement ne s'est déplacé mercredi. Mais le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll est attendu vendredi en Bretagne.
En marge du dossier breton, à Paris, la polémique fait rage sur les conditions d'attribution du contrat liant l'Etat à la société Ecomouv', pour la collecte de l'écotaxe. Le procureur de la République de Nanterre, Robert Gelli, a décidé mercredi de rouvrir une enquête préliminaire à ce sujet.