L'Allemagne a réaffirmé lundi sur son opposition à la création d'euro-obligations et son refus d'une plus forte intervention de la Banque centrale européenne (BCE) dans la lutte contre la crise de la dette, jugeant qu'aucune de ces solutions n'étaient "un remède miracle".
"Aucune de ces pistes qui sont avancées dans le débat public ne sont un remède miracle contre la crise", a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert.
Les appels à une implication massive de la BCE dans la crise qui secoue de la zone euro se font de plus de plus pressants, mais l'Allemagne y est catégoriquement opposée au nom de l'indépendance de l'institution et de son mandat de préservation de la stabilité des prix.
Berlin s'oppose aussi toujours aux "eurobonds", titres de dette garantis en commun par les Etats membres de la zone euro, dont la création fera l'objet de propositions officielles par la Commission européenne.
"Le gouvernement allemand ne partage pas l'opinion très répandue que des euro-obligations seraient aujourd'hui un remède miracle", a dit M. Seibert.
Il a indiqué que Mme Merkel privilégiait une "solution politique" à la crise, qui implique de rendre "contraignant" le respect des règles de bonne conduite budgétaire.
La chancelière est partie en campagne pour un changement "limité" des traités européens en ce sens, et cette démarche "est une priorité dans toutes les conversations qu'elle mène" avec ses partenaires européens, a ajouté M. Seibert.
Il a jugé que la création d'euro-obligations ne "s'attaquerait pas aux racines du mal", c'est-à-dire à l'indiscipline budgétaire.
L'Allemagne, qui est de très loin le pays doté de la meilleure réputation financière aujourd'hui dans la zone euro, voit depuis le début d'un très mauvais oeil la création éventuelle d'obligations communes à tous les pays membres, qui bénéficieraient donc de son excellente note de solvabilité "AAA".
Berlin juge qu'un tel instrument, en faisant baisser le taux d'emprunt des pays en difficulté, les dissuaderait d'engager des réformes douloureuses.
La Commission européenne estime, elle, que cette mutualisation des emprunts publics des pays de la zone euro pourrait "rapidement atténuer" la crise actuelle.
Bruxelles propose trois modèles d'euro-obligations plus ou moins audacieux: le premier prévoit de remplacer purement et simplement les emprunts nationaux par des euro-obligations; le deuxième de remplacer seulement une partie des émissions nationales par des titres européens; et le troisième, le plus léger, verrait la création d'obligations communes, mais pour lesquelles chaque Etat serait tenu d'apporter des garanties seulement à hauteur de sa part respective de dette.
Berlin n'a d'ailleurs pas caché son scepticisme face à une autre idée venue de Bruxelles, et émise dans une interview par la vice-présidente de la Commission Viviane Reding: la création d'un siège unique pour toute la zone euro au Fonds monétaire international (FMI).
"Il faut garder en tête le fait que le FMI a pour membres des Etats et non des organisations juridiques", a dit lundi le porte-parole du ministère allemand des Finances, Martin Kotthaus.
"On ne peut évaluer des propositions" qui sont présentées "par voie d'interview", a-t-il encore dit, en estimant que Mme Reding n'était pas la Commissaire "compétente" pour ce genre de questions.