François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle française, se trouve conforté par les propos d'Angela Merkel sur la croissance au sein de l'Union européenne, se félicitant qu'elle "bouge" et estimant qu'elle "bougera encore" après le second tour de l'élection le 6 mai.
"Je ne sais pas si je vais gagner l'élection présidentielle" mais la chancelière allemande et les dirigeants européens ont considéré cette victoire "comme une hypothèse suffisamment sérieuse pour déjà modifier les calendriers et le contenu même de l'agenda européen", se réjouit-il dans un entretien à Radio J enregistré samedi et diffusé dimanche.
"Mme Merkel, reprenant une initiative souhaitée par le président (Herman) Van Rompuy pour le Conseil européen, dit qu'elle est prête à mettre davantage de croissance. Rien que pour cela, la campagne aura été utile et, si j'en suis le vainqueur, encore davantage puisque j'irai encore plus loin. Il y aura renégociation et il y aura un pacte de croissance", assure-t-il.
"Nous préparons un agenda croissance pour le sommet européen de juin", a déclaré la chancelière allemande dans un entretien samedi au quotidien allemand Leipziger Volkszeitung.
Pourtant elle ne veut pas d'une renégociation ? "A ce stade. Mais qu'est-ce qu'elle disait encore il y a quelques semaines ? Qu'elle ne voulait même pas entendre parler de mot comme celui de la croissance tant elle était attachée à celui de l'austérité. Ca bouge et ça bougera encore après l'élection", juge le candidat socialiste.
Ira-t-il jusqu'au bras de fer ? "Bras de fer, je ne sais pas s'il faut utiliser ces mots qui, souvent, sont ceux de la gesticulation d'avant-match", dit-il.
"Ce que je dis, c'est que Mme Merkel ne peut pas à la fois vouloir le statut de la Banque centrale européenne actuel, interdire à cette même Banque centrale de prêter directement aux Etats, ne pas vouloir qu'il y ait des eurobonds, être prudente sur la taxe des transactions financières. Non ! Il y a un moment où une négociation, c'est chacun met sur la table ce qui peut être une avancée et une concession", ajoute M. Hollande qui, lui, apporte l'engagement "que nous redresserons les comptes publics de la France d'ici à 2017".
La chancelière "doit avoir davantage confiance dans le propos que je tiens que dans celui de Nicolas Sarkozy". "C'est le premier chef d'Etat arrivé aux responsabilités qui soit allé devant l'eurogroupe dire +je ne respecterai pas le pacte de stabilité, je m'affranchirai des règles de discipline budgétaire+. Nous avons vu le résultat... Ce n'est pas la crise seulement qui a provoqué ces déficits, ce sont aussi les allègements fiscaux et les promesses aventureuses du candidat Sarkozy élu en 2007".
"Dans l'amitié franco-allemande", souligne M. Hollande, "il y a eu très souvent, et ce fut parfois fructueux, des relations qui se sont institutionnalisées entre des personnes qui n'avaient pas la même sensibilité politique: Schmidt-Giscard, Kohl-Mitterrand".
"Ce que j'ai regretté dans l'attelage" Merkel-Sarkozy, "c'est qu'il ait eu la même position sur des sujets qui auraient dû normalement être réglés différemment", a-t-il dit.
A plusieurs reprises au cours de la campagne François Hollande a affirmé vouloir renégocier le traité de discipline budgétaire signé début mars par 25 Etats européens en vue d'y ajouter un volet sur la croissance.