Confronté à un recul de ses ventes, le groupe d'électroménager Darty prévoit de supprimer "plus de 500 postes" en France, selon les syndicats, soit près de 5% de ses effectifs, un coup dur pour le secteur de la distribution après la liquidation de Virgin et des fermetures de librairies Chapitre.
"Avec la réorganisation qui est en route, c'est 500 à 600 postes qui sont menacés", a affirmé à l'AFP Jean-Marc Miduri, délégué central CGT du groupe qui emploie 11.500 salariés en France.
Il explique que Darty France, actuellement organisé en cinq directions régionales (Ouest, Ile-de-France, Est, Nord et Provence-méditerranée), va fusionner en trois régions (Grand-Ouest, Grand-Est et Ile-de-France). En outre, le siège de Paris va fermer et seul celui de Bondy (Seine-Saint-Denis) subsistera.
La direction a confirmé à l'AFP qu'un plan de réorganisation était effectivement en cours et que des négociations avec les partenaires sociaux seraient ouvertes à la rentrée en vue d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
Elle a revanche démenti le chiffrage des postes concernés: il est "trop tôt pour évaluer" les conséquences en terme d'emplois.
La direction a toutefois tenu à signaler que les "magasins ne sont en aucun cas concernés par cette réorganisation", et que donc les emplois dans les boutiques ou en services après-vente n'étaient pas menacés.
"Le plan de réorganisation concerne des postes administratifs ou d'encadrement. Il vise les filiales d'exploitation qui passeront de 5 à 3 et la fusion des sièges du groupe", a indiqué la direction.
"500 suppressions" de postes en région parisienne
Selon Serge Bouakil, délégué central de la confédération autonome du travail, premier syndicat chez Darty Ile-de-France, "le plus gros des suppressions de postes se fera sur Paris avec 500 suppressions sur les 4.800 salariés de la région", soit 10% des effectifs franciliens.
"On était 5.000 il y a huit mois, et la direction a commencé à dégraisser avant les fusions", observe-t-il précisant que les première réunions officielles commenceront le 12 juillet.
Françoise Nageyre, déléguée centrale CFDT, confirme que "la direction a la volonté d'aller très vite dans la mise en place du PSE".
"Les fusions des régions seront terminées le 31 juillet et les transferts de contrat de travail se feront dès le 1er août", a-t-elle assuré, estimant les suppressions de postes à "des centaines", sans plus de précision.
"Certes, il y a la crise, mais on fait payer aux salariés de Darty France - la poule aux œufs d'or du groupe - la volonté de la direction précédente d'aller à l'international", a-t-elle déploré.
Confronté à des difficultés à l'international et au recul de ses ventes à cause de la crise, le groupe a engagé depuis décembre un vaste plan de restructuration visant à se désengager des pays les moins porteurs pour se recentrer sur ses trois principaux marchés: la France, la Belgique et les Pays Bas.
Le distributeur a déjà cédé ses magasins en Italie et prévoit de fermer ses magasins en Espagne. Des discussions sont aussi engagées en vue de la cession de la République tchèque.
Fin mai, le tout nouveau directeur général de Darty, Régis Schulz, avait assuré que le groupe restait rentable sur la France, son principal marché, et qu'il n'engagerait ni plan social ni fermeture.
Avec 13% de parts de marché, Darty reste le numéro un de son secteur en France "loin devant Boulanger", son principal concurrent et Amazon, avait-t-il souligné.
Le groupe compte notamment s'appuyer sur le gros et petit électroménager, ainsi que sur le multimédia, qui devraient continuer à croître du fait du renouvellement régulier des équipements ou des innovations technologiques.
Darty emploie 16.500 personnes dont 11.500 salariés en France, 6.200 dans les 230 points de vente, 3.000 en SAV et 1.200 pour les livraisons.