Après l'échec retentissant du rachat d'AIA par Prudential, le marché britannique de l'assurance semble promis à une vaste recomposition, le groupe RSA ayant, selon la chaîne Sky News, tenté de racheter la division d'assurance de dommages de l'autre poids-lourd du secteur, Aviva.
D'après la chaîne d'information britannique, le président de RSA, John Napier, a fait cette proposition dans un courrier envoyé il y a quelques semaines à son homologue d'Aviva, Lord Sharman.
Sky News a ajouté que cette offre, évaluée à 5 milliards de livres minimum (plus de 6 milliards d'euros), "a été aussitôt rejetée par le conseil d'administration d'Aviva", celui-ci étant persuadé que le modèle d'activité du groupe, consistant à fournir à la fois des assurances de dommages (comme les assurances auto ou habitation) et des produits d'assurance vie, épargne et retraite, est la meilleure stratégie à suivre.
La chaîne a ajouté qu'elle ignorait si RSA avait l'intention de relever son offre, ou si elle avait totalement renoncé à racheter la division d'Aviva. Elle a toutefois précisé qu'aucune négociation n'était en cours entre les deux groupes.
Les intéressés n'ont pas commenté ces informations. Mais, sans même attendre une réaction officielle, ces dernières ont été prises très au sérieux dans la City, faisant bondir le cours d'Aviva à la Bourse de Londres, et reculer celui de RSA.
A la mi-séance, RSA perdait ainsi 1,40% à 126,7 pence, dans un marché en baisse de 0,53%, tandis qu'Aviva bondissait de 4,06% à 382,2 pence. Aviva entraînait même dans son sillage les autres vedettes britanniques de l'assurance, comme L&G (+2,90% à 90,45 pence), Standard Life (+2,65% à 209,1 pence) ou Prudential (+0,72% à 557,5 pence).
Une telle transaction ferait sens pour RSA, l'ex-"Royal and Sun Alliance", qui s'est recentré il y a six ans dans l'assurance de dommages pour les particuliers et les professionnels. L'opération serait très audacieuse et obligerait le groupe à lever des fonds (sa capitalisation boursière étant de 4,3 milliards de livres seulement), mais elle permettrait à son directeur général Andy Haste d'assouvir sa soif d'expansion.
Selon des informations jamais démenties, RSA avait envisagé l'an dernier de racheter les activités d'assurance de la banque espagnole Santander en Amérique du Sud. Pour se consoler, il a procédé à une série de petites acquisitions ces derniers mois.
L'offre-choc de RSA s'inscrit de plus dans un secteur britannique de l'assurance qui semble promis à une recomposition majeure, après l'échec retentissant de la tentative de rachat d'AIA, la filiale asiatique d'AIG, par un autre assureur britannique, Prudential.
Cet échec cuisant, un peu compensé par les excellents résultats publiés jeudi par l'assureur, avait relancé des spéculations récurrentes sur un éventuel démantèlement de la "Pru", dont les activités d'assurance-vie britanniques pourraient alors intéresser Aviva.
Dans un tel contexte, une cession par Aviva de ses assurances dommages, qui en ferait un "pure player" de l'assurance-vie, ne ferait que renforcer l'espoir d'un rapprochement avec son concurrent historique.
Le groupe Resolution, lancé en 2008 par le vétéran du secteur Clive Cowdery, se tient également en embuscade. Il est engagé dans une chasse aux acquisitions, avec pour objectif affiché de jouer les moteurs de la consolidation du marché britannique de l'assurance-vie.
Il a ainsi racheté fin juin une partie des activités britanniques du groupe français Axa pour 3,3 milliards d'euros, après s'être emparé l'an dernier de l'assureur britannique Friends Provident pour plus de deux milliards d'euros.