L'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) a suggéré jeudi la construction de logements à bas prix pour répondre à la crise du logement, une idée qui pourrait aussi favoriser la reconversion de sites industriels dans la production en France d'éléments préfabriqués.
Dans une série de propositions souvent iconoclastes, l'organisation, virulente contre la "cacophonie des normes", prône aussi la suppression des ascenseurs, quitte à n'offrir l'accès aux handicapés qu'aux seuls appartements "situés en rez-de-chaussée".
"Ce ne sera pas un logement au rabais, mais un logement moins cher et d'aussi bonne qualité", a expliqué devant la presse Jean Perrin, président de l'UNPI, qui préfère parler d'"habitat essentiel" plutôt "low cost", tout en comparant l'idée à celle des vols et des voitures à bas prix.
"La question est simple: voulons-nous des logements parfaits, avec des centaines de milliers de demandeurs de logements ou voulons-nous mettre en oeuvre des moyens pratiques nouveaux pour répondre aux besoins?", résume l'UNPI, l'organisation des bailleurs privés.
L'objectif serait de "faciliter le logement de tous" en permettant des "loyers modiques". L'UNPI espère réduire pratiquement de moitié" le prix de la construction à 900 euros le m2 contre 1.400 à 1.700 actuellement.
"Tout ce qui relève du superflu doit être banni", affirme-t-elle. Son président espère que ce type de construction atteigne le seuil des 5% de logements en France et a annoncé l'existence d'un projet "bien avancé" à Lille, pour la construction d'une cinquantaine de logements.
L'idée défendue par les propriétaires est de recourir à la préfabrication ou la fabrication en série d'éléments du bâtiment "comme des modules de salle de bain ou de cuisine".
Démolir et reconstruire plutôt que rénover
Pour l'UNPI, certains sites industriels pourraient se reconvertir dans la production de ces éléments. "L'industrialisation des procédés de construction permettrait la mise en place, sur le territoire national, d'outils de production adaptés au marché français", explique-t-elle.
M. Perrin a suggéré d'utiliser "les usines automobiles qui sont en perte de vitesse" en France pour produire entre 50 et 100 salles de bain différentes qui arriveraient prêtes sur les chantiers à un coût de 2.000 euros au lieu d'environ 4.000 euros.
Les bâtiments seraient implantés "dans des zones tendues et non dans celles où l'offre est déjà surabondante", selon l'UNPI, qui fait valoir que les HLM d'aujourd'hui, "d'une qualité équivalente à celle des logements privés", ne permettent plus l'accès au logement d'une "fraction grandissante de la population".
L'organisation dénonce, par ailleurs, "l'accumulation de contraintes qui finit pas interdire la mise sur le marché de logements" et fustige une "surenchère" d'exigences environnementales pour la construction.
Elle pointe du doigt les normes sur "l'accessibilité physique" qui ont, selon elle, "tué l'accessibilité financière". Elle préconise la construction d'immeubles sans ascenseurs et de ne laisser l'accès aux handicapés qu'aux appartements situés au rez-de-chaussée.
"Aujourd'hui, tous les logements doivent être accessibles aux personnes qui ont un handicap moteur. C'est beau, c'est noble et même gentil (...). Mais pourquoi le 100%? S'il en faut 10% ou 20%, qu'on les mette", a déclaré M. Perrin.
L'UNPI reconnaît que l'arrivée de ces nouveaux modes d'habitat va bouleverser la "culture du bâtiment en France", souvent considéré comme permanent.
Pour mener à bien son projet, elle réclame le soutien des pouvoirs publics, en réduisant la TVA sur la construction ou en baissant l'imposition fiscale du bailleur.