Six groupes de travail seront mis en place pour répondre à la colère des agriculteurs contre les marges des grandes surfaces, ont annoncé mercredi les participants à une réunion organisée à Bercy avec les agriculteurs, les distributeurs, les industriels et les consommateurs.
Ces groupes de travail seront notamment axés sur le bilan du volet distribution de la Loi de modernisation de l'économie (LME), vivement critiqué par les agriculteurs et les industriels, a annoncé Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), à la sortie de la réunion.
Ils porteront également sur le renforcement des filières agricoles "les plus fragiles", comme les fruits et légumes, le lait et les viandes, a précisé Philippe Mangin, président des Coop de France (coopératives agricoles).
Cette réunion s'est tenue sous l'égide du ministre de l'Agriculture Michel Barnier et du secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel, mais en l'absence remarquée des présidents des enseignes de la grande distribution, comme Michel-Edouard Leclerc.
Christine Lagarde, ministre de l'Economie, prévue initialement à la réunion, recevra finalement les distributeurs vendredi après-midi, a-t-on appris auprès de Bercy.
Les enseignes étaient représentées par Jérôme Bédier, président de la Fédération du commerce et de la Distribution (FCD).
La rencontre avait été décidée après le blocage de plates-formes d'approvisionnement des grandes surfaces la semaine dernière par les agriculteurs pour protester contre les marges de la grande distribution.
A l'issue de la réunion, la FCD a refusé de remettre en cause ses marges: "il faut qu'on se débarrasse dans ce pays une bonne fois pour toute de l'idée que les distributeurs peuvent rogner sur leurs marges", a souligné M. Bédier.
Il s'est en revanche déclaré "pas opposé" à une augmentation des prix des produits agricoles dans les magasins, donc pour le consommateur.
Malgré la tenue de la réunion, des agriculteurs ont continué mercredi à manifester leur mécontentement, en bloquant notamment deux laiteries (Lactalis, Sodiaal) de la Loire, à l'appel de la Confédération Paysanne, un syndicat agricole minoritaire qui n'était pas convié à la rencontre.
Dans la nuit précédente, 200 à 250 agriculteurs, qui ne se revendiquaient d'aucun syndicat, ont aspergé de plusieurs tonnes de lait et de lisier un centre Leclerc près de Morlaix (Finistère). D'autres actions ont été menées dans plusieurs supermarchés du Finistère.
"On ne peut pas être totalement satisfait lorsque tous les acteurs ne sont pas autour de la table", a déclaré M. Lemétayer, à la sortie de la réunion.
L'association de consommateurs UFC-Que choisir a aussi regretté "la dérobade" de la grande distribution.
"C'était une réunion très tendue à cause de l'absence des distributeurs", a déclaré de son côté Jean-René Buisson, président de la fédération représentant l'agroalimentaire (Ania).
"Il n'y a pas de dérobade. Seuls les présidents d'organisation étaient présents à cette réunion et aucun représentant d'entreprises", a répondu M. Bédier.
Dans un communiqué commun, Michel Barnier et Luc Chatel ont notamment évoqué l'accélération des travaux de l'observatoire des prix et des marges et confirmé la création d'une "brigade de contrôle" de la LME au sein de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Six groupes de travail seront mis en place à bercy pour répondre à la colère des agriculteurs contre les marges des grandes surfaces. Durée: 1mn35