Le distributeur français Casino a vu son bénéfice net semestriel dopé par des éléments exceptionnels et son début de redressement en France, même si ses performances opérationnelles se replient fortement, plombées par les baisses tarifaires dans l'Hexagone et le ralentissement au Brésil.
Cet effet négatif des baisses de prix devrait toutefois s'estomper au second semestre, estime Casino.
Le groupe confirme donc ses objectifs annuels de retour à la croissance et d'amélioration de la rentabilité en France et se déclare à nouveau "confortable" avec le consensus des analystes, qui anticipent un Ebit annuel à 2,13 milliards d'euros.
Casino prévoit également de renforcer ses plans d'actions au Brésil, pour limiter les effets du ralentissement économique, qui impactent notamment ses activités non-alimentaires.
Il a annoncé jeudi qu'il allait réorganiser ses activités en Amérique latine sous l'égide de sa filiale colombienne Exito, afin de dégager davantage de synergies et de réduire ses coûts.
Cette opération permettra également de réduire son endettement de 1,7 milliard d'euros, pour ramener fin 2015 sa dette nette à 5,8 milliards d'euros, contre 8,5 milliards à fin juin.
Ces prévisions optimistes étaient appréciées par la Bourse de Paris jeudi à la mi-journée, le titre Casino prenant 2,68%, à 68,47 euros, dans un marché en légère hausse (+0,54%).
De janvier à juin, Casino réalise un bénéfice net publié de 75 millions d'euros contre 35 millions un an plus tôt, une fois celui-ci retraité de l'évolution des éléments comptables.
Ce résultat "n'est pas représentatif de ce que sera le reste de l'année" dans la mesure où cet élément ne réapparaîtra pas au second semestre, a précisé le directeur financier, Antoine Giscard d'Estaing, lors d'une conférence téléphonique.
Par ailleurs, le résultat net du premier semestre a bénéficié d’éléments non récurrents, dont la consolidation totale dans les comptes de Disco, filiale uruguayenne du groupe. Hors exceptionnels, le bénéfice net normalisé aurait chuté de 53%, à 63 millions d'euros.
- perte de 53 millions d'euros en France -
Comme Casino l'avait annoncé en avril, le résultat opérationnel courant (ROC) semestriel ressort en repli de 36%, à 521 millions d'euros, de même que l'Ebitda (-23%), du fait des forts investissements réalisés dans les baisses de prix en France.
Le ROC hexagonal enregistre une perte de 53 millions d'euros contre un bénéfice de 106 millions l'an dernier.
La rentabilité recule également en Amérique latine (-11% sur l'alimentaire, -30% sur le non alimentaire), tandis que celle en Asie progresse de 28%.
Les activités de commerce en ligne subissent toujours des pertes opérationnelles de 55 millions d'euros, en raison de la poursuite d'une "importante phase d'investissements" logistiques et informatiques. Le groupe reste néanmoins confiant sur un redressement futur du fait de la forte progression des volumes d'affaires (+26,8%).
Sur l'ensemble du groupe, la marge opérationnelle semestrielle ressort à 2,2% du chiffre d'affaires contre 3,5% l'an dernier à la même époque.
Le distributeur estime toutefois que la rentabilité devrait être meilleure sur le second semestre, dans la mesure où les efforts tarifaires sont désormais achevés.
Ces réductions de prix ont déjà permis de redresser les ventes semestrielles du groupe, qui progressent de 1,8%, à 23,66 milliards d'euros.
Dans l'Hexagone, le chiffre d'affaires reste encore en décroissance sur le semestre (-1,2%), mais repasse dans le vert au deuxième trimestre en organique (+0,4%), tiré par la progression des hypermarchés (+0,1%) et de Leader Price (+2,8%).
"On commence à récolter les fruits" des investissements en prix et en rénovation de magasins. Pour le deuxième semestre, "nous sommes confiants dans la poursuite des bonnes tendances d'évolution en France, aussi bien sur la progression du chiffre d'affaires, les volumes de ventes et le trafic en magasin. Les marges devraient se stabiliser", a estimé le PDG du groupe, Jean-Charles Naouri, lors d'une conférence de presse.
Le ROC annuel français devrait se situer "dans les mêmes zones que l'an dernier", autour de 398 millions d'euros, a-t-il ajouté.
Le Brésil, longtemps moteur de la croissance du groupe, apparaît cette fois plombé par la chute des performances des enseignes non-alimentaires (-15%), dans un contexte de récession au Brésil. "Ce repli devrait être plus modéré au second semestre", a estimé M. Naouri, réaffirmant sa confiance dans les perspectives de croissance à long terme du Brésil pour le groupe.