Rêve des pouvoirs publics face à la pénurie de logements dans les grandes métropoles, les bureaux peuvent redevenir des appartements ou s'installer au jardin, comme aurait pu le prêcher Alphonse Allais, l'humoriste qui voulait déplacer "les villes à la campagne".
"Ce n'est pas un sujet facile à réaliser mais beaucoup d'immeubles de bureaux s'y prêtent", assure à l'AFP Christian Terrassoux, PDG du groupe de promotion immobilière Pitch, dans le cadre du Mipim, le salon mondial de l'immobilier d'entreprise, qui s'est ouvert mardi à Cannes (Alpes-Maritimes).
Sur la Croisette, Pitch Promotion expose ainsi plusieurs de ses réalisations en cours, comme la reconversion de l'ancien siège français du papier toilette Lotus (groupe Pacific Georgia), à Courbevoie (Hauts-de-Seine), en une résidence de 55 appartements, du studio au 6 pièces.
"Nous avons vendu très rapidement la quasi-totalité du programme en accession à la propriété à un prix moyen de 7.890 euros/m2, tout en cédant une partie à un organisme de la ville pour édifier des logements sociaux", se félicite M. Terrassoux.
Pour les promoteurs, la principale difficulté, outre les procédures d'autorisation, est de trouver une "équation économique" rentable face aux demandes des municipalités, qui exigent souvent au moins 20% de logements sociaux dans le nouveau programme.
Mais il est également possible de transformer un immeuble de bureaux de 3.700 m2, comme celui situé rue Louis-Codet (VIIe arrondissement de Paris), propriété de Foncière des Régions, en un hôtel 4 étoiles de 76 chambres tout en gardant une partie pour des locaux techniques de France Télécom.
Dans la capitale, Pitch Promotion a même converti un ancien garage Renault, rue Diderot (XIIe arrondissement), en l'Ecole du notariat.
Un bureau à la campagne
D'autres promoteurs se lancent sur ce créneau. Le groupe Alain Crenn tente ainsi de redonner son ancien lustre à l'hôtel Voysin, rue de Turenne (IIIe arrondissement), à la limite du Marais. Objectif: vendre des appartements de luxe dans ce vieil hôtel particulier un temps transformé en bâtiment industriel.
Dans le XVIe arrondissement, des logements sociaux et de fonctionnaires, un commerce et un Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) vont être réunis dans un même immeuble.
"C'est une première à Paris, avec une livraison au premier trimestre 2014", indique à l'AFP Michel Pelège, maître d'ouvrage délégué de cet immeuble atypique qui va prendre la place d'un garage Citroën datant de 1931, avenue Mozart.
Pour M. Pelège, ancien président de la Fédération des promoteurs immobiliers, "une solution complexe, avec des baux à construction de 50 ans, a permis à la famille propriétaire de conserver les murs de l'immeuble".
Plus imaginatif, un jeune groupe de Tours, JardiBuro, propose d'installer un bureau dans les jardins des travailleurs indépendants ou des adeptes du télétravail.
"Un rapport du Centre d'analyse stratégique démontre qu'en 2015 la moitié des actifs de la communauté numérique française auront opté pour le télétravail", fait valoir Julien Rousseaux, un des fondateurs de la société.
Aussi, après une simple déclaration de travaux si le bâtiment (en bois, en aluminium ou en plaques laminées de couleurs) n'excède pas 20 m2, JardiBuro propose une offre comprenant notamment l'électricité et le chauffage, mais pas la peinture, la décoration ni les meubles, pour un prix de 30.000 euros.