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EON: dépréciations de plusieurs milliards d'euros et revirement stratégique

Publié le 10/09/2015 00:11
Mis à jour le 10/09/2015 01:03
Le PDG d'EON, Johannes Teyssen, lors d'une conférence de presse à Düsseldorf, Allemagne, le 11 mars 2015 (Photo Marius Becker. DPA)
RWEG
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Le PDG d'EON, Johannes Teyssen, lors d'une conférence de presse à Düsseldorf, Allemagne, le 11 mars 2015 (Photo Marius Becker. DPA)

Le géant allemand de l'énergie EON, très malmené par la transition énergétique, a annoncé mercredi de nouvelles dépréciations de plusieurs milliards d'euros, qui vont conduire à une perte nette "considérable" cette année, et revu son plan de bataille pour l'avenir.

Le troisième trimestre (juillet-septembre) verra des dépréciations dans ses comptes d'un montant "élevé à un chiffre en milliard", soit plus de 5 mais moins de 10 milliards. Ces charges résultent d'"hypothèses actualisées sur l'évolution des prix de l'électricité et des énergies primaires", selon un communiqué.

Les prix de gros du courant sont au plus bas en Europe, entre autres à cause des ratés du système européen d'échange d'émissions de droits à polluer. Dans cet environnement peu porteur, les centrales au gaz et au charbon d'EON, mises en concurrence avec les renouvelables subventionnés partout en Europe, perdent de l'argent.

En conséquence du nouvel ajustement à la baisse de la valeur de ses actifs, EON va subir cette année une perte nette "considérable", prévient-il. Les prévisions de résultat d'exploitation restent inchangées, en baisse par rapport à l'an dernier.

EON est dans le même bateau que ses concurrents européens, en premier lieu son compatriote RWE (XETRA:RWEG), dont les résultats sont en chute libre. Le suédois Vattenfall ou encore le français Engie (ex-GDF Suez) sont tout autant à la peine.

Le numéro un allemand avait apparemment trouvé la parade avec une scission audacieuse, annoncée en automne dernier et qui doit être effective l'an prochain. Elle doit concentrer EON sur les activités porteuses que sont les renouvelables, les réseaux et les solutions et services autour de l'énergie.

La génération fossile et le négoce d'énergie, activités sérieusement mises à mal par la réinvention du paysage énergétique européen, doivent être regroupées dans une entreprise séparée baptisée Uniper, dont EON ne conservera qu'une partie.

Certaines voix critiques s'étaient sont empressées de qualifier ce faisceau de "vieilles" activités de "bad bank" dans laquelle EON se débarrasserait de son encombrant héritage historique.

- nouveaux contours -

Mercredi EON, poussé dans ses derniers retranchements par le gouvernement allemand, a annoncé une redéfinition des contours de sa grande transformation. La scission aura bien lieu l'an prochain, mais l'activité de production nucléaire de courant restera dans le giron d'EON, a-t-il indiqué.

Selon le plan initial le nucléaire devait faire partie d'Uniper. EON est propriétaire de neuf réacteurs atomiques dont certains sont déjà à l'arrêt, les autres devant l'un après l'autre cesser leur activité d'ici 2022 conformément à l'abandon du nucléaire décidé par l'Allemagne.

Mais le gouvernement allemand, inquiet de voir le groupe se défausser de la responsabilité du démantèlement de ses centrales, est en train de préparer une loi pour s'assurer que les opérateurs restent seuls à prendre en charge les coûts de démantèlement de leurs réacteurs, même en cas de changement de propriétaire.

La loi en gestation vise clairement EON, et dans une moindre mesure Vattenfall, lui aussi propriétaire de plusieurs réacteurs nucléaires en Allemagne, et en passe de se désengager dans le pays.

Ces dernières semaines, les spéculations s'étaient multipliées sur les intentions d'EON, dont toute la stratégie - délester les activités d'avenir du poids des "vieux" actifs, pour leur permettre de croître - semblait mise en péril par le plan de Berlin.

La solution annoncée mercredi par le groupe a de quoi satisfaire le ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel.

Mais sa plus grosse inquiétude n'est pas calmée. Il craint que les provisions constituées par les énergéticiens pour le démantèlement des centrales - environ 38 milliards d'euros à eux quatre (EON, RWE, Vattenfall, EnBW) - ne suffisent pas à la tâche, et que le contribuable paie la facture. Un audit est en cours, commandité par le gouvernement.

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