PARIS (Reuters) - François Hollande recevra mardi des parlementaires de gauche et de droite pour parler de lutte contre le terrorisme, a annoncé samedi l'Elysée, au lendemain de l'attentat de Saint-Quentin Fallavier (Isère) qui suscite des échanges acerbes entre le gouvernement et l'opposition.
"Le président de la République a décidé (...) de réunir mardi 30 juin à 9h00 les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, les représentants des commissions des lois, de la défense et des affaires étrangères des deux assemblées ainsi que les présidents des groupes parlementaires du Sénat et de l'Assemblée nationale", précise un communiqué présidentiel.
A des lieues de l'esprit d'union nationale qui avait soufflé sur les milieux politiques français après les attentats de janvier à Paris, le gouvernement et l'opposition ont échangé des accusations par médias interposés après l'attentat de vendredi.
Le ministre socialiste de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ainsi déploré samedi que les forces de sécurité françaises aient "perdu près de 13.000 emplois entre 2007 et 2012", c'est-à-dire pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
A l'issue d'un conseil restreint sous la présidence de François Hollande, il a rappelé que le gouvernement actuel avait au contraire décidé de créer 500 postes par an dans la police et la gendarmerie et 1.500 postes de plus dans les services de renseignement dépendant du ministère de l'Intérieur.
Vendredi, il avait déjà jeté une pierre dans le jardin de ses prédécesseurs de droite en révélant que l'auteur présumé de l'attentat, Yassin Salhi, avait fait l'objet d'une fiche "S" (Sûreté d'Etat) en 2006 pour cause de sympathies salafistes mais que celle-ci avait été désactivée en 2008.
Une façon de réagir aux déclarations de responsables de l'opposition de droite, Nicolas Sarkozy en tête.
Dans un communiqué en réaction à l'attentat, l'ex-chef de l'Etat, aujourd'hui président du parti Les Républicains (LR), a déclaré vendredi qu'il appelait "depuis plusieurs semaines" le gouvernement à prendre "toutes les mesures indispensables pour assurer la protection" des Français.
Et de demander "solennellement au gouvernement de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cette attaque et de tirer impérativement toutes les leçons de ce nouvel attentat en rehaussant (le) niveau de vigilance".
"J'ai le sentiment qu'on est en retard d'une guerre", a pour sa part déclaré le député LR Eric Ciotti, spécialiste des questions de sécurité.
(Emmanuel Jarry)