Les projets de gratte-ciel, de villas de luxe et de centres de loisirs, dont une station de ski couverte, continuent de fleurir à Dubaï en dépit d'une baisse des prix immobiliers qui n'avaient cessé de grimper depuis le crash de 2008.
Depuis le début de l'année, les prix ont reculé de 10% en moyenne et la tendance pourrait s'accentuer à 15%, selon les professionnels réunis cette semaine au salon Cityscape de Dubaï.
Cependant, rien n'arrête les ambitions des promoteurs alors que la firme britannique Savills vient de classer les Emirats arabes unis au deuxième rang mondial pour les meilleurs investissements immobiliers derrière les Etats-Unis.
Le salon, qui s'est ouvert mardi, expose les maquettes de nouveaux projets grandioses. Le plus extravagant d'entre eux est la station de ski couverte "la plus grande du monde", avec une piste de 1,2 km, dans une ville où les températures frôlent les 50 degrés Celcius l'été.
Symbolisé par Burj Khalifa, la plus haute tour au monde qui culmine à 828 mètres, le boom de l'immobilier avait été dopé dans les années 1990 par l'entrée des étrangers sur le marché, mais la bulle avait éclaté pendant la crise financière de 2008. Les prix avaient alors baissé de moitié avant de revenir progressivement à la hausse.
Mais "les prix ont reculé de 9 à 10% depuis le début de l'année et on s'attend à ce qu'ils baissent encore" d'ici décembre, constate Craig Plumb qui dirige l'unité de recherches pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de la société d'investissement Jones Lang LaSalle basée à Chicago.
Pour M. Plumb, le ralentissement actuel s'explique par le sentiment général né de la chute des prix du brut et la nervosité des marchés financiers, même si Dubaï produit peu de pétrole, contrairement à son partenaire de la fédération des Emirats arabes unis, l'émirat d'Abou Dhabi.
"Le marché est affecté par la situation dans le reste du monde, un grand nombre d'acheteurs venant de l'étranger", explique M. Plumb, qui s'attend à une baisse de 15% du marché sur l'ensemble de l'année.
D'autres consultants comme Knight Frank et Cluttons, basés à Londres, prédisent un recul du même ordre.
Mais ce dernier ne sera pas aussi spectaculaire qu'en 2008, grâce notamment à de nouvelles réglementations, comme le durcissement des conditions des prêts hypothécaires.
"Nous avons un marché plus stable, ce qui est le signe d'une meilleure réglementation", note M. Plumb.
- Confiance intacte -
Le ralentissement ne semble pas décourager les promoteurs qui ont été nombreux à exhiber de nouveaux projets lors de ce rendez-vous professionnel annuel.
La construction de plus de 40.000 unités a déjà été annoncée cette année et plus de 20.000 doivent être livrées avant fin 2017, selon Cluttons.
"Avec un montant de 53 milliards de dirhams (14,5 milliards de dollars) de transactions immobilières durant le premier semestre à Dubaï, nous avons la certitude que le marché se porte bien", souligne Ziad Chaar, directeur exécutif de DAMAC Properties, l'un des géants du secteur.
Il cite à l'appui une croissance de la population de Dubaï, une économie en bonne santé, plus de touristes, de meilleures infrastructures et un environnement politique stable dans une région en pleine tourmente.
"Si nous avions le sentiment que le marché n'était pas solide, avec une forte demande, nous n'aurions pas lancé ces projets", assure M. Chaar en montrant de nombreuses maquettes.
Parmi les nouveautés figure la plus haute tour "résidentielle" culminant à 711 m. Elle sera au coeur du projet Meydan One, qui comprendra aussi une fontaine dansante s'élevant à 420 mètres, un vaste centre commercial, un hôtel de 350 chambres et une marina.
D'un coût estimé à 25 milliards de dirhams (6,8 milliards de dollars), ce projet s'étendra sur 3,6 millions de m2, de l'hippodrome de Meydan, dans le désert de l'émirat, jusqu'à la tour Burj Khalifa.
Nakheel, autre géant de l'immobilier qui a développé les îles artificielles en forme de palmier à Dubaï, a annoncé un projet de 10.000 unités résidentielles.
La firme Savills estime que le marché de l'immobilier à Dubaï est arrivé à "maturité" et qu'il devrait se redresser à la mi-2016 lorsque l'émirat commencera à se préparer pour l'Exposition universelle de 2020.