PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a annoncé vendredi que le prêt à taux zéro (PTZ), principal dispositif d'aide à l'accession à la propriété, serait prolongé dans les zones rurales, contrairement à ce qui était prévu dans la première mouture du plan logement, mais avec un plafond réduit.
Le chef de l'Etat, qui s'exprimait devant une conférence organisée par la Fédération nationale du bâtiment, a fait un autre geste pour apaiser les craintes des professionnels du secteur en proposant des discussions sur l'évolution du périmètre de crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), afin d'éviter une "rupture brutale".
Le plan présenté le mois dernier prévoyait le recentrage du PTZ sur les seules zones "tendues" (A et B1), à savoir pour l'essentiel Paris, une partie de l'Ile-de-France et la Côte-d'Azur, à compter de 2018.
Cette décision a provoqué l'inquiétude chez les élus des communes rurales et les constructeurs de maisons individuelles, les principaux acteurs du logement dans ces zones, qui ont estimé que "50 à 70.000 ménages modestes" seraient privés d'une aide indispensable pour s'engager dans l'accession.
Emmanuel Macron a dit avoir entendu leurs doléances sur des mesures "qui pouvaient donner le sentiment d'une fracture".
"Ce que je demande au gouvernement, c'est de garder la philosophie d'ensemble de la réforme mais que, sur le PTZ en zones B2 et C, on puisse ouvrir très rapidement la semaine prochaine une concertation", a-t-il déclaré.
Alors que le PTZ permet de financer jusqu'à 40% du coût d'une opération, il a évoqué la possibilité d'en ramener le plafond à 20% dans ces zones non prioritaires.
"PAS DE RUPTURE"
Un tel taux "ne créerait pas une rupture (...), ça donnerait de la visibilité. Ça montre aux territoires ruraux que la construction est importante chez eux", a expliqué le chef de l'Etat.
S'agissant du périmètre du CITE, l'exclusion programmée des portes, fenêtres et vitrages de ce dispositif à partir de mars prochain dans le projet de loi de finances 2018 a été critiquée par les artisans du bâtiment, qui ont dénoncé "un coup de massue" pour la rénovation énergétique des bâtiments.
Là aussi, Emmanuel Macron a proposé d'ouvrir des discussions avec les professionnels sur le sujet.
"Je souhaite qu'on puisse l'accompagner en sifflet, qu'il y ait une discussion avec le secteur et qu'on puisse en 2018 mettre sur pied quelque chose de plus intelligent", a-t-il dit.
Il a cependant réaffirmé sa volonté de "recentrer" le dispositif sur le seul double vitrage à finalité thermique.
Il a par ailleurs annoncé que cette aide passerait "du crédit d'impôt à une dotation sur base déclarative", ce qui permettra aux ménages de recevoir les aides au moment où ils font les travaux, sans décalage dans le temps.
Pour le reste, le président de la République a défendu le plan logement, qui repose aussi sur une baisse des aides au logement compensée par une baisse des loyers dans les HLM, une proposition mal accueillie par les bailleurs sociaux.
Assurant qu'il comptait poursuivre "de manière volontariste" la politique de soutien au secteur HLM, il a cependant dénoncé l'inefficacité de la politique actuelle consistant à "met(tre) de la dépense publique à tous les étages".
"Il y a quand même quelque chose de croquignolesque quand on augmente les loyers d'un côté et les APL de l'autre pour le même secteur, c'est quand même un peu ridicule collectivement ce qu'on a fait", a-t-il souligné.
Reconnaissant que certains bailleurs sociaux pourraient pâtir des réformes en vue, Emmanuel Macron a cependant précisé que "ceux qu'on fragilise avec cette politique, on va recapitaliser, on vous aidera."
"Et on vous aidera aussi (...) pour que vous vous regroupiez", a précisé le chef de l'Etat, qui souhaite la consolidation d'un secteur qui compte selon lui "trop d'acteurs".
Emmanuel Macron a donné un délai de "deux-trois ans" pour mener cette transformation destinée à aboutir à "une politique plus volontariste de construction, plus juste et plus responsable en termes de consommation des crédits publics."
(Marine Pennetier, avec Yann Le Guernigou et Myriam Rivet, édité par Sophie Louet)