Le Forum international de l'énergie (IEF) a ouvert sa 12e édition mardi à Cancun (Mexique) aux accents de la "solidarité énergétique" avec pour objectif majeur de freiner la "volatilité" des cours du pétrole, qui a affolé les marchés ces deux dernières années.
Le président mexicain Felipe Calderon, sa ministre de l'Energie Georgina Kessel et le secrétaire de l'IEF Noah Van Hulst ont souligné unanimement "l'interdépendance" entre pays producteurs et consommateurs, et les ont appelés à la "solidarité énergétique", au "dialogue", à la "transparence", à la "compréhension" et à la "collaboration technologique".
Les marchés sont encore sous le coup des explosions du prix du brut à la hausse et à la baisse depuis la dernière réunion de l'IEF en 2008: un record à la hausse à 147 dollars le baril avant une chute à 32 dollars au plus fort de la crise économique mondiale, puis un rétablissement entre 70 et 80 dollars.
Lundi encore, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a bondi de près de 3% à New York, à 82,17 dollars, à la suite d'un net recul du dollar en fin de semaine et d'un double attentat qui a fait au moins 39 morts à Moscou, capitale du deuxième producteur et exportateur mondial de brut.
Le secrétaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Libyen Abdalla Salem El Badri, avait donné le ton dès la veille: "nous devons travailler dur (...) pour réduire la volatilité", avait-il déclaré à la presse dans la célèbre station balnéaire mexicaine de la mer des Caraïbes.
"Le cours a échappé à tout contrôle fin 2008 en raison de la spéculation", a-t-il souligné.
"Nous devons nous attaquer à ce problème avec l'OPEP" et "nous espérons définir un calendrier d'action dans la déclaration ministérielle de ce rendez-vous de Cancun", a déclaré en écho à l'AFP le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le Japonais Nobuo Tanaka.
La rédaction d'une "charte pour l'IEF" est prévue l'an prochain, a souligné mardi M. Van Hulst.
Les producteurs de gaz naturel, de leur côté, devraient exprimer leur volonté d'une revalorisation de son cours avant la conclusion du Forum, mercredi.
Le prix actuel à quatre dollars sur le marché spot "n'est pas viable" pour les producteurs et l'Algérie va recommander une réduction de la production "le 19 avril à Oran, au Forum des pays exportateurs de gaz", a déclaré mardi matin à la presse le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil.
Le niveau actuel du brut, autour de 80 dollars, satisfait en revanche producteurs et consommateurs, mais sa stabilité n'est pas garantie, en raison de l'incertitude sur la reprise économique et des troubles dans des pays producteurs comme l'Iran, l'Irak ou le Nigeria.
"Même à ce niveau actuel de prix (stables), il nous faut augmenter la transparence", a souligné M. Tanaka.
Les responsables de l'Initiative commune sur les données pétrolières (Joint Oil Data Initiative, Jodi), lancée en 2001 pour affiner les données sur les inventaires et la demande, ont appelé les gouvernements à "améliorer la qualité des données qu'ils adressent au marché".
M. Tanaka a insisté sur le cas de pays énergivores comme la Chine et l'Inde: "s'ils ne nous donnent pas d'indications, comment pourrons-nous élaborer un bon jugement sur les prix à venir?"
Le Forum de Cancun réunit les ministres de 64 pays producteurs et consommateurs de 90% de l'énergie mondiale, l'OPEP et l'Agence internationale de l'énergie (AIE), département-conseil de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rassemblement des 31 pays les plus industrialisés.