La Bourse de New York a fini en nette baisse mardi face à l'aggravation de la situation dans le monde arabe, en particulier en Libye où la révolte était menacée d'une répression sanglante: le Dow Jones a abandonné 1,44% et le Nasdaq 2,74%.
Selon des chiffres définitifs de clôture, le Dow Jones Industrial Average a lâché 178,46 points à 12.212,79 points, soit son plus fort recul en pourcentage en une séance, depuis novembre. Le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 77,53 points à 2.756,42 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a cédé 2,05% (27,57 points) à 1.315,44 points.
Le retour d'un week-end prolongé par un jour férié a été difficile, alors que le marché était affecté par "ce qui se passe dans le monde arabe et l'impact de la hausse des prix de l'énergie", a souligné Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management.
"Il est difficile d'en déterminer l'impact" pour l'instant, a ajouté l'analyste.
A New York, le prix du baril s'est renchéri de plus de 8% à plus de 93 dollars mardi, face à la violence des affrontements en Libye, un important producteur de pétrole. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a brandi la menace d'une répression sanglante.
Le marché avait quelque peu réussi à contenir ses pertes dans un premier temps.
"Dans le sillage de tous les troubles qui frappent le Moyen-Orient et des craintes de perturbations sur les marchés de l'énergie, on continue de voir quelques indicateurs positifs sur le front américain", a souligné Lindsey Piegza, de FTN Financial.
La confiance des consommateurs américains est montée en février à son plus haut niveau en trois ans, selon l'institut Conference Board, et l'activité manufacturière dans la région de Richmond (Virginie, Est) s'est accélérée.
Toutefois, le marché de l'immobilier restait déprimé. Les prix des logements ont baissé pour le sixième mois d'affilée en décembre, selon l'enquête mensuelle Standard and Poor's/Case-Shiller.
Les indices ont ainsi lourdement décroché de leurs plus hauts niveaux depuis plus de deux ans et demi atteints la semaine passée. L'indice Nasdaq s'était même rapproché d'un pic inédit depuis 2000.
"De nombreux analystes du marché boursier appelaient à une correction. Il va être impossible de savoir ce qui tient de la correction propre au marché et ce qui est exacerbé par la situation au Moyen-Orient jusqu'à ce que l'une de ses variables ne disparaisse", a estimé Lindsey Piegza.
Ajoutant à la pression négative, le titre du géant de la distribution Wal-Mart (-3,09% à 53,67 dollars) a été sapé par les prévisions moins optimistes que prévu du groupe après la publication de résultats pourtant meilleurs qu'attendu.
Les valeurs pétrolières au sein de l'indice Dow Jones se sont distinguées. Chevron a pris 1,62% à 100,32 dollars et ExxonMobil 1,11% à 85,44 dollars: aucun des deux groupes n'est actif dans l'extraction de pétrole en Libye.
Le groupe agroalimentaire Kraft (+1,81% à 31,47 dollars) a été la seule autre valeur de l'indice vedette à se hisser dans le vert.
Les valeurs bancaires ont été particulièrement attaquées. Bank of America s'est replié de 3,86% à 14,18 dollars, JPMorgan Chase de 4,15% à 46,01 dollars.
L'assureur Allstate (-1,15% à 31,74 dollars) a lancé des poursuites contre la banque Citigroup (-4,48% à 4,69 dollars) et l'allemande Deutsche Bank, les accusant de l'avoir trompé sur la nature de titres adossés à des prêts hypothécaires risqués qu'elles lui ont vendus avant la crise.
La Bourse électronique Nasdaq (-3,75% à 28,00 dollars) a lancé un partenariat avec la Bourse de Singapour (SGX) sur des nouveaux outils de communication et d'information.
A la recherche d'investissements considérés plus sûrs, les acteur du marché ont trouvé refuge dans le marché obligataire. Le rendement du bon du Trésor à dix ans a chuté à 3,461% contre 3,589% vendredi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,605% contre 4,698%.