La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, espère que l'action du Fonds en Europe, aujourd'hui critiquée, sera "un jour" reconnue et que la nouvelle majorité gouvernementale en Grèce "tiendra bon", a-t-elle indiqué jeudi dans un entretien à l'AFP.
Interrogée sur l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais dans laquelle elle est témoin assisté, la patronne du Fonds et ancienne ministre de l'Economie française s'est refusée à tout commentaire, assurant être complètement "ancrée" dans sa mission actuelle, et a déclaré avoir "zéro" ambition politique en France.
A l'heure où l'austérité reste décriée en Europe, Mme Lagarde estime que seul le temps permettra de juger des mérites du FMI dans la région, où il participe avec les Européens à quatre plans de sauvetage financiers.
"C'est dans la nature du FMI que d'être perçu lors de son intervention comme négatif, prescripteur et normatif parce qu'on intervient toujours dans une situation de crise", a-t-elle affirmé. L'institution préconise certes des solutions "douloureuses" mais leurs résultats doivent être évalués sur le long terme, dit-elle.
"En Asie (où le Fonds est intervenu à la fin des années 90, ndlr) les pays qui avaient une aigreur vis-à-vis du FMI nous sont aujourd'hui reconnaissants d'avoir poussé des réformes. J'espère que l'action du FMI en Europe sera un jour reconnue" de la même manière, a-t-elle ajouté.
Epicentre de la crise de l'euro, la Grèce a connu récemment de nouveaux tourments qui ont abouti à la formation lundi d'un nouveau gouvernement. "La majorité est plus étroite qu'auparavant. J'espère qu'elle tiendra bon", a souligné Mme Lagarde, alors qu'Athènes doit encore mener à bien les réformes exigées par ses créanciers publics.
Au sujet d'un autre pays en proie à l'instabilité politique, Mme Lagarde a estimé que le "long voyage" du FMI avec l'Egypte n'était pas encore "achevé".
Alors que les négociations du Fonds avec Le Caire sur un programme d'assistance bute sur l'instabilité dans le pays, Mme Lagarde a prévenu que le soutien financier du FMI "ne suffirait pas" à sortir le pays de l'ornière.
Faisant siennes les recommandations du dernier sommet du G8 les 17 et 18 juin en Irlande du Nord, la dirigeante a également mis à l'index les multinationales qui utilisent des techniques d'optimisation pour réduire leur ardoise fiscale.
"C'est très mauvais pour les Etats parce que ça les prive d'un revenu utile pour combler leurs déficits et ce n'est pas du tout juste par rapport aux petites et moyennes entreprises qui n'ont pas le moyen de pratiquer une optimisation fiscale", a-t-elle jugé.