L'agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a recommandé vendredi l'inspection de presque la moitié des Airbus A380 après la découverte de nouvelles fissures sur la voilure des très gros porteurs de l'avionneur européen.
Début janvier, Airbus avait dévoilé avoir détecté des micro-fissures sur des pièces en équerre attachant la "peau" de la voilure aux nervures de l'aile. Et jeudi, après des révélations du magazine spécialisé Aviationweek, Airbus a expliqué que "des fissures mineures supplémentaires avaient été découvertes sur des pièces en équerre non critiques" dans la voilure de quelques A380.
"Les nouvelles fissures sont plus importantes que les micro fissures initiales. Il apparaît que le deuxième type de fissures peut se développer sur d'autres avions après un certain temps", a jugé l'AESA dans une directive de navigabilité publiée vendredi sur son site internet.
"Si elles n'étaient pas détectées ou corrigées, cela pourrait potentiellement affecter l'intégrité de la structure de l'avion", estime l'agence.
L'AESA recommande des inspections pour 30 des 67 avions A380 opérant dans le monde, selon une source proche du dossier.
Neuf avions ayant effectué plus de 1.800 vols doivent être inspectés dans les quatre jours et 21 appareils, ayant effectué entre 1.300 et 1.799 vols, seront inspectés dans les six semaines, selon les recommandations de l'agence, a ajouté cette source.
Airbus a de nouveau assuré vendredi que ces fissures étaient sans gravité si elles étaient détectées à temps.
Lors de la découverte en janvier des micro-fissures, un porte-parole de l'entreprise avait déclaré que leur réparation pouvait attendre des opérations de maintenance et donc un délai maximum de quatre ans.
Ces fissures successives sont embarrassantes pour l'image de cet avion, a commenté Christophe Menard, analyste chez Kepler Capital Markets. Il souligne toutefois que s'il y avait eu un véritable risque de mise en péril de la sécurité, l'AESA aurait cloué au sol l'avion.
L'A380 est le plus gros avion de ligne du monde capable de transporter plus de 500 passagers et même plus de 800 voyageurs lorsqu'il est configuré en classe économique uniquement.
Il a été mis en service en octobre 2007 avec la compagnie Singapore Airlines.
Ses débuts avaient été émaillés de nombreux problèmes d'assemblage qui ont longtemps plombé les comptes de sa maison mère EADS.
Le premier gros incident est survenu fin 2010: la compagnie australienne Qantas avait immobilisé pour contrôle ses six A380 à la suite de l'explosion d'un moteur Rolls-Royce le 4 novembre 2010, qui avait contraint l'un de ses appareils à se poser d'urgence à Singapour.
Selon un rapport d'enquête du Bureau australien pour la sécurité du transport, l'avarie était due à un problème de durites d'huile, qui souffraient d'une usure accélérée pouvant entraîner des fuites et un feu de moteur.
Qantas avait repris ses vols vers Londres dès le 10 novembre. Mais l'appareil abimé, dont une aile avait été endommagée par des projections métalliques, est toujours en réparation et ne devrait reprendre du service qu'en février.
Quelque 253 avions A380 ont été commandés au total.
Cette semaine, le patron d'Airbus Tom Enders avait estimé que le programme A380 était sur les rails. "Après toutes les difficultés que l'avion a connues, 2011 a été la première véritable année de production pour l'A380", a déclaré le dirigeant.
Airbus a enregistré 19 nouvelles commandes en 2011. "Nous travaillons dur pour les augmenter", avait-il ajouté, alors que son rival américain Boeing a engrangé un nombre supérieur de commandes d'avions long-courrier.