L'agence d'évaluation financière Fitch a abaissé lundi de "stable" à "négative" la perspective d'évolution de la note d'endettement d'EDF, qu'elle a maintenue à "A+" pour le long terme et "F1" à court terme.
Fitch a justifié sa décision dans un communiqué par des craintes que les augmentations futures des tarifs réglementés du géant de l'électricité ne suffisent pas à maintenir ses niveaux d'endettement aux niveaux correspondant à ses notes.
Selon Fitch, l'endettement relatif du groupe devrait dépasser la limite permise par une note A+ "en raison d'investissements accrus et malgré des mesures de flexibilité financière mises en place, dont le plan d'économies Spark, des cessions et des émissions d'obligations hybrides".
Et "s'il est largement admis que les tarifs réglementés français doivent être augmentés pour refléter l'augmentation des coûts (d'EDF) et financer des investissements supplémentaires dans son parc de production, la perspective traduit l'inquiétude de Fitch, qui est que la trajectoire des augmentations tarifaires pourrait ne pas suffire pour maintenir un niveau d'endettement conforme à la notation", a expliqué l'agence.
Spark est un nouveau plan d'économies lancé en février par l'électricien français, suite à un assombrissement de la conjoncture qui frappe la plupart des énergéticiens européens. Ce plan vise à dégager un milliard d'euros dès 2013 en plus des 2,5 milliards d'économies qu'il visait déjà à l'horizon 2015.
Le gouvernement français procédera ce mois-ci à la révision annuelle des tarifs réglementés d'EDF.
Le régulateur du secteur, la CRE, a calculé en juin la hausse nécessaire entre 7 et 10%, plus un rattrapage de 7,6% au titre de 2012, mais la ministre de l'Energie Delphine Batho avait assuré qu'elle n'appliquerait pas de telles hausses cumulées pour protéger le pouvoir d'achat, ce qui laisse présager une augmentation plus modérée.
Par ailleurs, Fitch indique qu'elle prendra en compte l'évolution de la politique énergétique française avant de prendre toute nouvelle décision sur la note du groupe.
Elle estime que le débat national sur la transition énergétique, qui vise notamment à réduire la part du nucléaire dans le bouquet électrique français de 75% à 50% d'ici 2025, comme s'y est engagé le gouvernement, devrait se conclure pour ce qui concerne EDF par un "compromis" : une extension au delà de 40 ans de la durée de vie de nombreuses centrales, mais pas toutes, accompagnée d'un recours accru aux énergies renouvelable.
"Le résultat de ce débat et les choix qui en découleront ne seront probablement pas radicaux pour une série de raisons tant économiques que politiques, mais pourraient avoir un impact à moyen terme sur la dynamique potentielle en matière de résultats d'EDF et sur ses investissements", prévient au passage Fitch.
La dégradation de la conjoncture dans l'énergie avait également conduit en décembre l'agence de notation rivale Moody's à abaisser à négative sa propre note du groupe, fixée à "Aa3". En revanche Standard & Poor's a conservé une note A+ assortie d'une perspective stable.