Les pratiques de certaines agences immobilières, jugées mardi "bien peu louables" à l'encontre des locataires par l'association UFC Que Choisir, sont considérées comme marginales par les professionnels et le gouvernement qui vont adopter des mesures pour réduire les abus.
Se basant sur une enquête effectuée auprès de 1.056 agences, l'association de consommateurs a affirmé mardi, lors d'une conférence de presse, que nombre d'entre elles ne respectent pas la réglementation envers les clients qui cherchent à louer des logements.
Pour Alain Bazot, président d'UFC Que Choisir, "la profession d'agent immobilier est en pleine illégalité et dans une immunité totale".
Ainsi, selon l'association, dans 21% des cas les honoraires n'étaient ni affichés en vitrine, ni visibles de l'extérieur alors que cette obligation est vieille de 20 ans.
Près des deux tiers des agences (62% exactement) n'hésitent pas à demander des documents prohibés: attestation de l'employeur (46%) ou photographie d'identité (10%).
Les honoraires acquittés par les locataires (en moyenne 93% du loyer mensuel hors charges) sont jugés prohibitifs alors que, selon UFC Que Choisir, "le locataire ne doit à l'agence que la seule rédaction du bail".
Une affirmation démentie par Laurent Vimont, le président du réseau d'agences Century 21, qui rappelle que "comme l'indique la loi, les honoraires sont répartis uniformément entre locataire et bailleur".
Enfin, alors que la situation financière du candidat locataire était confortable, l'absence de garant a posé problème dans 28% des cas.
La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) ne nie pas "le fait que des abus existent mais cette quête excessive de garanties de la part des agences n'est pas un excès de zèle mais bien pour garantir les bailleurs", affirme à l'AFP son président René Pallincourt.
M. Pallincourt "s'insurge contre tout honoraire fixé réglementairement", une demande de l'UFC Que Choisir, car "cela reviendrait à remettre en cause le principe de la liberté des prix et des services mis en place en 1986".
La Fnaim rappelle qu'elle va présenter, lors les Etats Généraux des professions immobilières le 13 septembre, "des mesures en faveur d'une organisation de l'ensemble de la profession, fidèle au respect des intérêts des consommateurs".
"Les dérives relevées par UFC Que Choisir ne sont pas acceptables mais les constatations ne portent que sur un échantillon de professionnels. Il faut donc se garder de jeter l'opprobre sur toute une profession qui consciente de certaines dérives a organisé une réflexion pour lutter contre ces abus", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu.
M. Apparu a annoncé que "le gouvernement prépare des mesures", non détaillées, "pour protéger les consommateurs et soutenir ceux des professionnels qui s'engagent sur la qualité du service rendu".
Mais le projet de loi du ministère de la Justice sur les professions immobilières, qui à l'origine prévoyait la création d'un Ordre chargé notamment de la déontologie et des exclusions pour les membres indélicats, n'a plus aucune chance d'être examiné par le Parlement avant l'élection présidentielle de 2012, selon des sources proches du dossier
L'enquête d'UFC Que Choisir a été menée par des bénévoles du 14 mars au 2 avril auprès de 1.056 agences autour d'un scénario unique: aider un jeune membre de sa famille dans sa recherche d'un appartement de 2 pièces et 40m2 à louer. Le soi-disant candidat locataire avait un dossier répondant aux obligations légales et gagnait trois fois le montant du loyer mais n'avait pas de garant.