par Elizabeth Pineau
BERLIN (Reuters) - La France, l'Allemagne et l'Italie ont affiché lundi un front commun sur la crise politique créée par le référendum britannique sur la sortie de l'UE et vont faire ensemble des propositions afin de relancer la construction européenne.
François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi se sont réunis à Berlin à la veille du Conseil européen "post-Brexit" de Bruxelles pour débattre de la stratégie à adopter après une décision britannique qu'ils entendent respecter.
"Il n’y a pas de temps à perdre", peut-on lire dans une déclaration commune des trois dirigeants.
Ils ont précisé qu'il n'y aurait pas de négociation avec le Royaume-Uni tant qu'il ne déclencherait pas l'article 50 du traité de Lisbonne qui formalisera sa volonté de quitter l'UE.
Un message adressé au Premier ministre britannique, David Cameron, qui a réaffirmé lundi devant la chambre des Communes qu'il laisserait à son successeur, qui sera désigné en septembre, le soin d'enclencher le processus de sortie.
"Le gouvernement britannique n'invoquera par l'article 50 pour le moment", a-t-il dit tout en insistant sur le fait qu'il fallait respecter la décision des Britanniques, coupant court aux spéculations sur la possibilité de revenir sur le vote.
Seul le gouvernement britannique peut invoquer cet article, ce qui ouvrira une négociation d'une durée pouvant aller jusqu'à deux ans pour organiser le retrait.
Des tractations permettront parallèlement de définir les relations entre les "Vingt-Sept" et le Royaume-Uni, notamment sur l'accès au marché unique, mais sans limite de temps.
"NE PAS FAIRE TRAÎNER LES CHOSES"
A la chancellerie allemande, François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi, ont estimé qu'il ne fallait pas traîner, une réponse aux interrogations sur l'unité du couple franco-allemand sur la manière de traiter le Royaume-Uni.
"La responsabilité, c'est de ne pas perdre de temps, ne pas perdre de temps pour traiter convenablement la question du départ du Royaume-Uni, ne pas perdre de temps non plus pour traiter la question de la nouvelle impulsion que nous devons donner à l'Union européenne à 27", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse conjointe.
"Nous devons réduire le temps de l'incertitude", a-t-il ajouté. "Rien n'est pire que l'incertitude : l'incertitude elle génère des comportements politiques souvent irrationnels, l'incertitude elle génère aussi des comportements financiers qui peuvent être également irrationnels", a dit François Hollande.
Après avoir donné le sentiment de vouloir laisser du temps à Londres pour gérer cette nouvelle situation, Angela Merkel s'est mise au diapason de Paris et Rome, répétant qu'il ne fallait "pas faire traîner les choses" et "veiller à ce que les choses ne traînent pas en longueur".
Les trois pays - fondateurs de la Communauté européenne et les plus peuplés - sont convenus de la nécessité de relancer l'UE dans le domaines de la sécurité, de la croissance, ainsi que de l'harmonisation fiscale et sociale dans la zone euro.
"Nous proposerons demain aux chefs d’État et de gouvernement et aux institutions européennes de lancer un processus, selon un calendrier strict et un ensemble précis d’engagements, afin de répondre aux défis présentés par le résultat du référendum britannique et de développer des solutions concrètes pour un bon avenir aux Européens au sein de l’Union européenne", lit-on dans leur déclaration.
"Une rencontre spéciale des dirigeants en septembre sera consacrée aux défis communs auxquels les 27 États membres sont confrontés et aux priorités essentielles sur lesquelles ils devront décider. Ils devraient aussi se mettre d’accord sur des projets concrets à réaliser en Europe dans les six prochains mois pour la croissance et la sécurité."
(avec Chine Labbé à Paris, édité par Yves Clarisse)