par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Rémy Cointreau (PA:RCOP) a dépassé toutes les attentes au troisième trimestre de son exercice décalé grâce à un bond de ses ventes de cognac en Chine, où la consommation repart et où il récolte les fruits de sa nouvelle stratégie de distribution.
Le propriétaire de Rémy Martin, de Cointreau et du rhum Mount Gay a vu sa croissance organique atteindre 9,0% au cours du trimestre clos le 31 décembre, à 323,3 millions d'euros - après une progression de 7,4% au trimestre précédent - alors que les analystes attendaient en moyenne une hausse de 4,2%.
Cette accélération a été tirée par Rémy Martin, principal centre de profit du groupe, dont la croissance organique a bondi de 22,3% - après 9,3% au trimestre précédent - au lieu des 9,3% anticipés par le marché.
Ces chiffres sont salués en Bourse. Malgré des multiples de valorisation déjà très élevés, l'action s'adjuge 5,8% à 86,60 euros à midi dans des volumes d'échanges étoffés, après avoir touché 90 euros dans la matinée.
Valorisé comme un acteur du luxe, le titre se traite sur un multiple de 29 fois les résultats estimés du prochain exercice, contre 18 fois pour Pernod Ricard (PA:PERP) et 19 fois pour le britannique Diageo (LON:DGE), numéro un mondial des spiritueux.
La marque Rémy Martin reste portée par une solide performance aux Etats-Unis, devenus son premier marché après les années de correction en Chine. Elle profite de l'engouement des consommateurs américains pour les alcools bruns et du succès de son "1738 Accord Royal", une variété intermédiaire entre le "VSOP" et le "XO" vendue environ 60 dollars la bouteille.
Mais elle signe surtout une forte accélération en Chine grâce à d'excellentes ventes pour les fêtes du nouvel an, plus précoce cette année. L'an dernier, les expéditions étaient intervenues au dernier trimestre de l'exercice.
Outre ces effets de calendrier, Rémy Martin a fait état d'une "belle reprise" de la consommation privée en Grande Chine (Hong Kong et Macao compris), où il récolte les fruits de sa nouvelle stratégie de distribution directe et de l'ouverture à Pékin d'une première boutique dédiée à Louis XIII, cognac ultra haut de gamme à plus de 2.000 euros.
"Le rebond de l'Asie est énorme", constate un analyste sous couvert d'anonymat, pour qui le succès commercial de Rémy Martin est plus important que prévu.
Autre élément positif : la croissance est tirée par un effet de "mix" favorable, le groupe ayant opté pour un repositionnement sur le segment du luxe avec son "Club" vendu autour de 80 euros et avec la relance de XO et de Louis XIII auprès des consommateurs privés, la demande émanant des fonctionnaires ayant été laminée par les mesures anti-corruption de Pékin.
Le consensus des analystes devrait être révisé à la hausse, surtout pour le prochain exercice, a ajouté l'analyste.
Le groupe a réaffirmé tabler sur une progression de son résultat opérationnel courant (ROC) pour l'exercice 2016-2017 en données constantes. En novembre, il s'était dit "à l'aise" avec le consensus des analystes tablant sur une progression du ROC comprise entre 8% et 9%.
Les chiffres de Hennessy, numéro un mondial du cognac et propriété de LVMH (PA:LVMH), sont attendus le 26 janvier. Ceux de Martell, détenu par Pernod Ricard, le 9 février.
(Edité par Dominique Rodriguez)