par Tom Perry et John Davison
ELBEYLI, Turquie/BEYROUTH (Reuters) - Les rebelles syriens soutenus par la Turquie ont ouvert samedi un nouveau front contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en pénétrant à Al Raï, dans le nord de la Syrie, a déclaré un commandant rebelle.
L'objectif des rebelles, qui sont appuyés par l'armée turque, est de progresser vers l'Est et d'opérer la jonction avec les forces qui se sont emparées de Djarablous, située à une cinquantaine de kilomètres, a précisé le colonel Ahmed Osman, un officier du groupe Sultan Mourad, composé de combattants turkmènes.
"Ils ont pris quelque chose comme huit villages. Ils en ont d'abord pris deux, puis se sont repliés, mais des renforts sont arrivés et il y a eu une percée", a par ailleurs expliqué à Reuters Zakaria Malahifdji, du mouvement Fastaqim basé à Alep.
De leur côté, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), qui se sont emparés de Djarablous avec le soutien de la Turquie, ont également annoncé samedi avoir repris plusieurs villages situés à l'ouest de la ville, le long de la frontière.
Brett McGurk, l'émissaire américain chargé de la coalition internationale formée pour combattre l'EI, a déclaré pour sa part que l'armée américaine avait bombardé dans la nuit de vendredi à samedi des positions de l'EI près de la frontière turque en utilisant pour la première fois des lance-roquettes multiples M142 Himars (High Mobility Artillery Rocket System).
Il n'a pas précisé où ces frappes avaient eu lieu ni depuis combien de temps cet armement sophistiqué, déjà utilisé contre l'EI depuis la Jordanie et en Irak, avait été déployé sur le sol turc. L'agence de presse turque Dogan rapporte toutefois que les positions de l'EI à Al Raï ont été pilonnées par des lance-roquettes multiples depuis la province Kilis, située de l'autre côté de la frontière, qui est elle-même régulièrement prise pour cible par les djihadistes.
La Turquie a dit cette semaine vouloir chasser l'EI de l'ensemble de la zone frontalière et arrêter par la même occasion la progression des milices kurdes soutenues par les Etats-Unis dans cette région. [nL8N1BC4ZI]
DES CHARS TURCS À AL RAÏ
Sur le front occidental, le premier objectif des rebelles est Al Raï, village situé à deux kilomètres de la frontière turque qui a changé de mains à plusieurs reprises ces derniers mois.
La petite ville est stratégiquement située sur la route qui va de la frontière à Al Bab, dernier bastion de l'EI dans le nord-ouest de la Syrie, où le porte-parole de l'organisation djihadiste Abou Mohamed al Adnani a probablement été tué la semaine dernière. [nL8N1BB54W]
Plusieurs chars de l'armée turque sont entrés samedi après-midi à Al Raï, selon Mohammed Rachid, porte-parole du groupe Djaïch al Nasr, affilié à l'ASL, qui participe à l'offensive aux côtés des combattants turkmènes.
Un journaliste de Reuters présent dans ce secteur a entendu des explosions et vu des colonnes de fumée s'élever du côté syrien de la frontière.
Sur le front oriental, les rebelles qui tiennent Djarablous et qui s'étaient dans un premier temps enfoncés vers le Sud en direction de Manbij, reprise le mois dernier à l'EI par les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, font désormais mouvement vers l'Ouest le long de la frontière.
La brigade Hamza, une unité de l'ASL, a annoncé samedi avoir repris à l'EI le village d'Arab Ezza, situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Djarablous et qui avait été bombardé vendredi par l'aviation turque.
D'autres groupes qui combattent sous la bannière de l'ASL se sont emparés de quatre autres villages au sud d'Arab Ezza, a dit un combattant du groupe Faïlak al Cham.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé la prise d'Arab Ezza et de plusieurs villages.
(Avec Yesim Dikmen, Umit Ozdal et Asli Kandemir à Istanbul; Tangi Salaün et Jean-Philippe Lefief pour le service français)