Après une année 2010 plombée par la tempête Xynthia, les inondations dans le Var et une fiscalité alourdie, les assureurs s'attendent à un nouvel exercice compliqué en 2011 avec un ralentissement de l'assurance vie et un nouveau durcissement possible de la taxation.
En 2010 comme l'année précédente, le secteur a été tiré par l'assurance vie, qui a capté plus des deux tiers de l'épargne nouvelle des Français.
Mais après une année faste en 2009, qui avait correspondu à un rebond consécutif à la crise financière, ce placement a connu un premier ralentissement, avec une croissance de quatre pour cent contre neuf pour cent précédemment.
L'assurance vie pèse près de 70% des revenus de l'assurance en France et le moindre de ses soubresauts a des répercussions majeures sur l'industrie.
Pour 2011, la Fédération française des Sociétés d'Assurance (FFSA), qui présentait jeudi ses résultats, "n'est pas du tout optimiste", a expliqué le directeur des études et statistiques, Jérôme Cornu. Elle table sur une progression comprise entre zéro et quatre pour cent en assurance vie.
Le placement préféré des Français fait face à une baisse continue de son rendement, rendue inéluctable par le niveau historiquement bas des taux d'intérêt. De 4,0% en moyenne en 2008, il est passé à 3,7% en 2009 et devrait s'établir entre 3,2% et 3,4% en 2010.
Parallèlement, le grand rival de l'assurance vie, le Livret A, a déjà vu son taux remonter début août et va bénéficier d'un nouveau coup de pouce le 1er février.
Autre facteur défavorable, selon Jérôme Cornu, une baisse possible du taux d'épargne des ménages, très élevé aujourd'hui.
Les assureurs s'inquiètent également d'une vague de rachats en assurance vie observée sur les quatre derniers mois de 2010.
Un phénomène lié à la retraite, un nombre important d'épargnants puisant dans leur assurance vie pour financer leurs vieux jours, selon Gilles Cosic, directeur des assurances de personne à la FFSA.
"Je suis un peu inquiet", a-t-il même concédé, estimant qu'il "faut surveiller" ce phénomène.
A tous ces éléments pourraient s'ajouter de nouvelles évolutions sur le plan fiscal, le gouvernement ambitionnant une vaste refonte de la fiscalité dès cette année.
"Que demandons nous ? Rien, si ce n'est de pouvoir travailler dans des conditions réglementaires normales et stables", a fait valoir le président de la FFSA, Bernard Spitz.
Pour défendre l'assurance vie, il a mis en avant, comme souvent par le passé, son rôle dans le financement de l'économie française. Environ 940 milliards d'euros sont ainsi investis par les assureurs dans des actifs d'entreprises (actions, obligations et immobilier d'entreprise).
"Ce qui serait mauvais pour l'assurance vie serait mauvais pour l'épargne longue et donc serait mauvais pour la France", a-t-il lancé, faisant écho aux propos de Nicolas Sarkozy, qui a souhaité mardi que les fonds de l'assurance vie "s'investissent dans un actionnariat stable et de long terme pour nos entreprises".
Paradoxalement, alors que l'assurance de dommage connaissait des progressions très modestes depuis de nombreuses années, elle pourrait compenser en 2011 une partie du coup de mou de l'assurance vie.
La vague de hausses des tarifs en automobile et en habitation permet ainsi à la FFSA de viser une croissance de trois à quatre pour cent en assurance dommage. Pour autant, la Fédération ne prévoit qu'une progression comprise entre zéro et deux pour cent pour l'ensemble du secteur.
"2011 se présente avant tout comme une année d'incertitude", a conclu Bernard Spitz.