SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - Le PDG du constructeur naval italien Fincantieri s'est engagé mercredi à apporter de la stabilité aux chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), dont il devrait devenir le principal actionnaire d'ici la fin du mois.
"Je suis convaincu que ce glorieux chantier pourra enfin atteindre la stabilité qu'il n'a pas eue au cours des dernières années", a dit Giuseppe Bono aux journalistes, après avoir rencontré les syndicats et le comité d'entreprise des ex-chantiers de l'Atlantique.
"Nous sommes venus ici parce que nous pensons que, ensemble, nous pouvons augmenter la valeur de l'entreprise", a-t-il ajouté en promettant des "synergies" entre les deux entités au niveau des achats de matières premières. "On n'est pas un investisseur qui arrive et qui repart en courant : on n'est pas investisseur de métier, on est industriel."
Le PDG de Fincantieri a également promis aux représentants du personnel un modèle de gouvernance "autonome" aux chantiers navals de Saint-Nazaire, et a "renouvelé sa confiance" à l'actuelle direction.
"Inutile de vous dire que, travaillant dans ce secteur, on n'a absolument aucune nécessité d'acquérir du savoir-faire", a affirmé Giuseppe Bono, pour balayer les inquiétudes des syndicats français sur de possibles transferts de technologies.
"Au cours des quinze dernières années, nous avons livré 52 navires de croisière, on en a encore 29 dans notre portefeuille, chiffre qui est destiné à augmenter dans un avenir proche."
Le gouvernement français a présenté le 6 avril un projet d'accord pour la reprise des chantiers navals STX France de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) par Fincantieri.
Selon ce projet, le groupe italien reprendrait environ 48% du groupe mis en vente après la faillite de sa maison mère, le sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding.
Le groupe public militaire DCNS entrerait au capital à hauteur d'environ 12%, l'Etat français conserverait ses 33% et la fondation privée italienne CR Trieste reprendrait le reliquat.
L'Etat conserverait par ailleurs son droit de préemption si Fincantieri se dégageait, le droit de préemption actuel restant ouvert tant que la signature entre Fincantieri et les Coréens n'est pas intervenue.
Giuseppe Bono a déclaré attendre la mise en oeuvre des engagements français après l'achat aux Coréens des 66% qu'ils détenaient dans les chantiers navals de Saint-Nazaire.
"A partir de là, le gouvernement français aura deux possibilités : premièrement, il peut exercer son droit de préemption ; deuxièmement, il peut nous déclarer persona non grata. Mais pour moi, ce serait un peu dur de dire ça, après avoir accepté les Coréens", a-t-il expliqué.
(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)