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Rafale: Le Drian au Caire pour signer le premier contrat à l'export

Publié le 16/02/2015 06:20
Un Rafale décolle du porte-avions Charles-de-Gaulle au large de Toulon, le 15 janvier 2015 (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)

Un Rafale décolle du porte-avions Charles-de-Gaulle au large de Toulon, le 15 janvier 2015 (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian se rend lundi au Caire pour signer la première vente du Rafale à l’exportation, une consécration pour ce fleuron aéronautique français qui souligne aussi le soutien de Paris au président égyptien al-Sissi dans un contexte géopolitique tendu.

Le contrat, d'un montant de 5,2 milliards d'euros, porte sur la vente de 24 avions Rafale à l'Egypte, fabriqués par Dassault Aviation, une frégate FREMM du groupe naval DCNS, ainsi que des missiles, fabriqués par le groupe européen MBDA.

"C’est d’abord la marque d’un contrat de confiance de l'Egypte à l'égard de la France et à l'égard de la haute technologie française, que ce soit pour les avions, dont on parle beaucoup mais aussi pour ses navires", s’est félicité M. Le Drian, cheville ouvrière de ce contrat.

Menée en un temps record, à peine trois mois, cette vente à l’initiative de l’Egypte marque le souhait du Caire de diversifier ses sources d'armements et de s'affranchir de la tutelle américaine dont elle était très dépendante jusque-là.

Elle souligne surtout le soutien affiché de Paris au régime égyptien, dans une région en proie à une profonde instabilité.

"Avec l’Égypte, ça s'est fait très rapidement", a expliqué le président français François Hollande. "D'abord parce que l'Égypte voulait un avion de grande qualité" et "rapidement compte tenu des menaces qui existent autour de ce pays".

Paris, comme les autres capitales occidentales et nombre d’Etats dans la région, s’inquiète de l'expansion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, et des risques de déstabilisation régionale.

"Dans le contexte actuel, c'est très important que l’Égypte puisse agir pour la stabilité et être en sécurité", a justifié François Hollande.

"La sécurité était également nécessaire compte tenu de la frontière commune (de l’Égypte) avec la Libye et de la lutte contre le terrorisme, et compte tenu de ce qui se passe aussi dans le Sinaï", a-t-il ajouté.

- "D'autres prospects" -

Paris n’a donc pas donné d’échos aux critiques des défenseurs des droits de l’Homme, qui pointent un bilan "alarmant" du président Abdel Fattah al-Sissi depuis son arrivée au pouvoir.

Peu avant l’annonce du contrat, Amnesty International France avait appelé Paris à "suspendre tous les transferts d’armes" à l'Egypte en raison de la "répression, sans précédent depuis 30 ans" dans le pays.

"A ma connaissance, le président Sissi a été élu par le peuple et, d'ailleurs, il y aura bientôt des élections législatives dans le pays", a répondu M. Le Drian.

Paris a fait le "choix politique assumé" de "jeter un voile pudique sur les vrais sujets des droits de l'Homme dans l'Egypte de Sissi", résume Camille Grand, directeur de la Fondation pour la Recherche stratégique (FRS).

Pour la France, cette vente est une aubaine car elle permet de résoudre en partie l’équation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, qui stipule explicitement que des "livraisons à l'exportation (du Rafale sont) également prévues permettant d'atteindre une cadence de production satisfaisante".

Paris doit réceptionner 26 Rafale d’ici à 2019, mais avec une production minimale de l’appareil fixée à 11 exemplaires par an, elle devra accélérer ses achats pour maintenir cette cadence.

Enfin, cette vente permet aussi d’en espérer d’autres.

"Il est probable que ceci va être positif pour d’autres prospects", a estimé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dimanche sur Europe 1 et iTélé. Il a cité l’Inde, avec laquelle Dassault est en négociations exclusives depuis janvier 2012 pour 126 Rafale, et le Qatar (36 appareils).

"Cette vente à un grand pays arabe va faire boule de neige", a également estimé le PDG de Dassault aviation, Eric Trappier.

L'appareil "a été engagé dans de nombreux théâtres d'opération (en Libye en 2011, au Mali en 2013 et actuellement en Irak, ndlr) et les observateurs que sont l'ensemble des pays de la région en particulier ont pu voir son efficacité opérationnelle aux mains de l'armée de l'air française", a-t-il fait valoir.

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