par John Revill
VEVEY, Suisse (Reuters) - Nestlé a abaissé jeudi sa prévision de croissance organique pour cette année après avoir accusé au troisième trimestre la plus faible hausse de ses ventes à périmètre et changes constants depuis plus de dix ans, confirmant les difficultés des grands industriels de l'alimentation dans un contexte de demande et de prix défavorables.
Le groupe suisse prévoit désormais une croissance organique de 3,5% pour 2016, après +3,3% sur janvier-septembre. Il avait auparavant dit tabler sur une progression annuelle d'environ 4,2%.
L'action Nestlé était indiquée en baisse de 1,7% dans les transactions en avant-Bourse.
Comme d'autres poids lourds des produits alimentaires de grande consommation, Nestlé doit faire face à la baisse des prix en Europe sur fond de concurrence exacerbée et de faiblesse des cours des matières premières, tandis que des marchés émergents importants comme la Chine et le Brésil continuent de souffrir.
Plusieurs de ses concurrents, comme l'anglo-néerlandais Unilever (LON:ULVR), ont augmenté leurs prix pour tenter de compenser la baisse de certaines devises, à commencer par la livre sterling. Nestlé, lui, dit continuer de donner la priorité à la hausse des volumes mais ajoute constater une amélioration sur le front des prix.
"Dans un environnement marqué par la déflation et des prix de matières premières bas, nous avons continué à privilégier la croissance des volumes", a ainsi déclaré son administrateur délégué, Paul Bulcke, dans un communiqué. "L'adaptation des prix reste légère mais en augmentation."
Sur les neuf premiers mois de l'exercice, le chiffre d'affaires du groupe a atteint 65,51 milliards de francs suisses (60,35 milliards d'euros), contre 64,86 milliards sur la période correspondante de l'an dernier.
Les analystes financiers interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre d'affaires sur neuf mois de 66,0 milliards et une croissance organique (c'est à dire hors changements de périmètre et effets de change) de 3,7%.
"L'Europe semble avoir été sous pression au cours de ce trimestre et la faiblesse de la Chine pèse sur l'Asie en dépit de la reprise en Inde", a observé Jon Cox, analyste de Kepler Cheuvreux.
"La baisse de la prévision est décevante même si toutes les entreprises de grande consommation semblent avoir connu un trimestre difficile; elles doivent trouver la bonne réponse à apporter au consommateur", a-t-il ajouté.
Unilever a annoncé la semaine dernière une croissance organique de 4,2% sur les neuf premiers mois de l'année, grâce à une hausse moyenne de 2,7% des prix. Danone, de son côté, a publié une croissance organique de 2,1% au troisième trimestre et maintenu ses objectifs annuels.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)