L'année 2009 va être la pire depuis sept ans pour la construction de logements neufs en France, au vu des chiffres de novembre, mais le gouvernement veut croire que les mesures du plan de relance permettront un rebond en 2010, et surtout en 2011.
Au cours des douze derniers mois (décembre 2008 à novembre 2009), le nombre de mises en chantier est en repli de 19,2% à 298.168 unités et le nombre de permis chute de 21,5% à 352.455 unités, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère de l'Ecologie.
"On va être juste au-dessus de la barre des 300.000 mises en chantier pour l'ensemble de l'année 2009, contre 359.092 en 2008 et 415.287 en 2007, ce qui nous fait revenir au niveau de 2002, il y a sept ans", souligne Michel Mouillart, professeur à l'Université Paris-X, interrogé par l'AFP.
Pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, l'objectif affiché du gouvernement est de 500.000 nouveaux logements par an.
Cette impressionnante chute d'un peu plus de 15% par rapport à 2008 et surtout de 27% par rapport à 2007 pourrait toutefois marquer le point le plus bas de la crise qui rappelle celle du milieu des années 80 par son ampleur.
"Il est idéniable que le creux de la vague est passé car on ne constate plus un recul des chiffres d'un mois sur l'autre", souligne d'ailleurs M. Mouillart.
Au cours des trois derniers mois, de septembre à novembre, le nombre de mises en chantier s'est élevé à 79.000, soit seulement 16,0% de moins qu'un an plus tôt, alors que pour les 12 derniers mois considérés (décembre 2008 à novembre 2009) la baisse est encore de 19,2%.
Le constat est encore plus optimiste pour les permis de construire (95.908 unités de septembre à novembre, soit -13,9% par rapport à la même période de 2008 contre une chute de 21,5% pour les 12 derniers mois).
Selon les spécialistes, les mesures adoptées par le plan de relance ont permis d'enrayer un plongeon encore plus brutal. Les mises en chantier de logements locatifs sociaux par les HLM devraient notamment s'élever à 78.000 en 2009 contre 68.000 en 2008.
Mais c'est surtout l'accession à la propriété pour les ménages modestes, bénéficiant du doublement du prêt à taux zéro (PTZ), et les promoteurs privés, grâce aux avantages fiscaux pour les investisseurs louant leur logement ("dispositif Scellier"), qui ont le plus profité de ces mesures.
Les ventes des promoteurs ont en effet bondi de 65,2% au troisième trimestre 2009, comparé à la même période de 2008.
Sur les 104.000 logements qui devaient être vendus en 2009 par les promoteurs, près de la moitié sont à mettre au crédit des avantages fiscaux.
"Les ventes de cette année sont les permis de construire et les chantiers de 2010 et 2011", se réjouit Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs-constructeurs.
"Les mesures du plan de relance devraient permettre une remontée des mises en chantier à 327.000 en 2010, ce qui est encore considéré comme insuffisant par beaucoup, et à 375.000 en 2011", prédit M. Mouillart.
Mais cette embellie prévue pour le logement neuf ne permet pas encore de parler de reprise pour l'ensemble du secteur de la construction.
Le chiffre d'affaires du bâtiment (130 milliards d'euros en 2008) devrait à nouveau reculer de 3,1% en 2010 après une baisse de 7,1% en 2009, selon Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).