Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, veut renforcer le pilotage des politiques économiques, en encourageant notamment la Commission européenne à adresser des "mises en garde" aux mauvais élèves, selon une lettre obtenue par l'AFP.
"L'Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro, ndlr) devrait mener une surveillance économique plus large, à la fois pour identifier les problèmes prioritaires pour chacun de nos Etats membres et pour établir un cadre cohérent d'action", souligne M. Juncker dans ce courrier aux ministres des Finances, qui détaille ses priorités avant sa reconduction attendue à la tête de l'Eurogroupe lundi soir.
Cela permettrait "d'améliorer les performances de l'économie européenne dans son ensemble", en "identifiant plus clairement les obstacles structurels à la croissance" dans chacun des seize pays, qu'il s'agisse de problèmes de compétitivité ou de déséquilibres macroéconomiques, précise-t-il.
"De plus, dans les cas où il est établi que les politiques économiques d'un pays" ne sont pas en accord avec les "lignes générales" définies pour la zone euro ou "qu'elles risquent de remettre en péril le bon fonctionnement de l'Union économique et monétaire", la Commission "ne devrait pas hésiter" à "adresser une mise en garde à l'Etat concerné", estime M. Juncker.
Les ministres des Finances devraient ensuite avoir "une franche discussion avec l'Etat membre concerné, afin de s'assurer que des mesures efficaces sont prises".
M. Juncker, qui cumule les fonctions de Premier ministre et ministre du Trésor Luxembourgeois, devrait être reconduit lundi pour un nouveau mandat de deux ans et demi comme président de l'Eurogroupe, forum dont l'existence a été formalisée par le traité de Lisbonne.
Plusieurs pays, dont la France, ont déjà indiqué qu'ils attendaient de M. Juncker qu'il promeuve plus efficacement l'idée d'une gouvernance commune de la zone euro, c'est-à-dire d'une meilleure coordination des politiques économiques.
L'Espagne, qui préside actuellement l'Union européenne, a également indiqué vouloir promouvoir la création d'une forme de "gouvernement" européen sur les dossiers économiques, avec menace de sanctions financières pour les pays récalcitrants.
Ce débat intervient alors que l'UE doit se doter d'une nouvelle stratégie économique d'ici l'été pour les dix ans à venir.
Le Luxembourgeois veut par ailleurs améliorer la représentation de la zone euro dans les instances internationales, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une "question difficile", car elle ne fait pas consensus.
Le traité de Lisbonne "donne une base légale spécifique à la zone euro pour établir ses positions et assurer une représentation unifiée dans les insitutions financières internationales", indique-t-il.
M. Juncker s'est exprimé par le passé en faveur d'un siège unique des pays de la zone euro au Fonds monétaire international (FMI), pour les faire parler d'une seule voix, mais il s'était heurté notamment à l'opposition de la France.