Actions moribondes, obligations sous pression, euro déprimé, la crise grecque et ses conséquences ont chamboulé les repères des épargnants, qui cherchent des alternatives dans l'or, les matières premières, l'immobilier ou les actions étrangères.
Pour les épargnants qui le peuvent, beaucoup conseillent purement et simplement de se désengager de la zone euro.
"L'Europe a perdu de son aura dans l'affaire", juge Jean-François Perrin, spécialiste de l'allocation d'actifs chez Crédit Agricole CIB.
"Les investisseurs ont capitulé sur l'Europe, vaincus par les inquiétudes sur la dette des Etats et des perspectives de croissance qui s'amenuisent", selon Gary Baker, de Bank of America Merrill Lynch, cité dans l'étude mensuelle de la banque menée auprès de grands gérants de fonds d'investissement.
Des fonds accessibles au grand public permettent de se porter vers les actions asiatiques ou américaines, où les grands investisseurs voient des perspectives de croissance plus solides.
Mais beaucoup d'épargnants français, échaudés depuis fin 2008, n'étaient de toutes façons pas revenus sur les actions, en direct ou par le biais de fonds de placement.
D'ailleurs, face à cette nouvelle crise, "les particuliers se comportent de façon plus professionnelle que les professionnels", remarque Meyer Azogui, président de la société indépendante de conseil en gestion de patrimoine Cyrus Conseil, qui ne constate "pas de mouvement d'affolement".
"Fin 2008, des clients venaient nous voir pour nous demander s'il y avait des produits américains dans leurs placements, mais en ce moment, nous n'avons pas de question", observe une chargée de clientèle parisienne de la Banque Postale, sous couvert d'anonymat.
Elle souligne également que beaucoup de petits épargnants ont investi dans des placements à long terme, comme l'assurance vie en euros, où les arbitrages sont souvent limités, et ne disposent pas de liquidités mobilisables.
L'assurance vie en euros reste, en outre, relativement préservée des secousses qui agitent les marchés.
Le capital placé y est garanti et il est essentiellement investi dans des obligations d'Etat comme la France ou l'Allemagne, titres dont la valeur a augmenté avec la crise grecque, compte tenu de leur statut de valeur refuge.
M. Perrin explique lui que les vraies stratégies de placement évolutives sont l'apanage de la gestion de patrimoine, souvent réservée à des clients disposant d'au moins 50.000 euros.
Ceux-là se voient proposer en ce moment de jouer les actions étrangères, mais aussi les matières premières, notamment l'or, qui bat actuellement des records.
"C'est presque devenu le produit gagnant par excellence" malgré une certaine volatilité, car il constitue un placement refuge en cas d'incertitude comme aujourd'hui, mais aussi en cas de retour de l inflation, avance M. Azogui.
Il cite aussi l'immobilier, autre valeur refuge pour peu que l'on se montre sélectif. Sélection et diversification sont les vertus cardinales en ces périodes troublées pour les investisseurs.
Plus risquées a priori, les obligations d'entreprises reviennent également souvent dans les recommandations des conseillers.
"Ce qui se passe sur les Etats n'a pas d'impact sur les (prix des) obligations d'entreprises et on ne pense pas qu'il va y en avoir, alors que l'économie montre des signes de reprise", prévoit Aurélien Guichard, gérant associé au sein de la société de conseil en gestion de patrimoine Agora Finance.
"Aujourd'hui, on est plus sûr de la tactique que de la stratégie, il n'y a aucune évidence qui s'impose", reconnaît M. Azogui.