Les marchés financiers restaient sous pression mercredi, en proie à des inquiétudes sur une propagation de la crise de la dette en zone euro à l'Espagne et l'Italie et sur les perspectives de l'économie américaine.
L'adoption d'un compromis sur le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis n'aura pas suffi à ramener le calme sur les marchés. Et les craintes suscitées par l'imbroglio américain ont par ricochet ravivé les tensions dans les pays les plus fragiles de la zone euro.
Soucieux de faire retomber la fièvre des marchés, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les dirigeants européens à "envoyer un signal sans ambiguïté montrant que la zone euro va résoudre la crise de la dette souveraine".
A Berlin, un porte-parole du gouvernement allemand a assuré qu'il n'y avait "aucune raison de s'énerver". Avant d'avancer une explication sur la fébrilité des marchés: "A cause de l'été, nous avons un marché très petit" où les mouvements "sont amplifiés".
En vain. Les Bourses européennes restaient très nerveuses, poursuivant pour la plupart leur recul.
Peu avant 14h00 GMT, Paris perdait 0,89%, Londres 1,26%, Francfort 1,42% et Milan 0,40%. La Bourse de Madrid (+0,51%) évoluait à contre-courant.
Outre-Atlantique, la Bourse de New York a ouvert sur une note quasi stable, quelque peu rassurée par des chiffres de l'emploi meilleurs qu'attendu. Peu avant 14h00 GMT, le Dow Jones reculait de 0,20% et le Nasdaq de 0,05%.
Si cet indicateur a calmé temporairement les craintes d'un ralentissement de la première économie mondiale, le compromis adopté mardi ne lève pas les doutes quant à la situation budgétaire toujours tendue à Washington.
"Pour l’heure, le compromis américain évite le pire, mais n’apporte que des réponses partielles, ce qui sera à l’origine d’une fin d’été difficile", a commenté François Duhen du CM-CIC Securities.
Peu après l'adoption finale au Sénat d'un texte évitant un défaut de paiement aux Etats-Unis, l'agence de notation Moody's a assorti la note des Etats-Unis d'une perspective négative. En clair, le pays pourrait perdre à moyen terme son triple A, meilleure note possible.
En Asie, les places boursières ont également reculé: Tokyo a cédé 2,11%, Hong Kong 1,91%, et Shanghai a terminé quasiment stable.
Et les craintes de contagion de la crise de la dette s'accentuent en zone euro.
En Italie et l'Espagne, désormais dans le collimateur des marchés, la mobilisation est maximale pour tenter d'enrayer cette spirale infernale.
En première ligne, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi devait intervenir mercredi soir devant le Parlement et pourrait annoncer des mesures pour tenter de rassurer les marchés.
L'Italie pèse à elle seule plus de deux fois plus que les trois pays sauvés à ce jour de la banqueroute: Grèce, Irlande et Portugal. Si elle cédait, toute la zone euro serait menacée.
A Madrid, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, reportant ses vacances, a convoqué une réunion de crise et a exigé une réponse européenne pour apaiser les marchés.
Signe de la défiance des investisseurs, les primes de risque (mesurées par l'écart entre les taux des emprunts allemands et des autres pays) avaient atteint dans la matinée de nouveaux plus hauts, à 407 points de base pour l'Espagne et 391 pour l'Italie, avant de diminuer.
L'euro évoluait en hausse, valant 1,4296 dollar peu avant 14h00 GMT.
La Banque nationale suisse a frappé fort mercredi en décidant des mesures pour lutter contre l'envolée du franc suisse, valeur refuge par excellence.