La reprise économique des Etats-Unis s'est renforcée au quatrième trimestre 2009 avec un taux de croissance bien plus fort que prévu, permettant au pays de redresser la barre à la fin d'une année commencée en catastrophe.
Le produit intérieur brut (PIB) du pays a progressé pendant l'automne de 5,7% en rythme annuel par rapport aux trois mois d'été, selon la première estimation officielle publiée vendredi par le département du Commerce à Washington.
La vigueur de la croissance a néanmoins été soutenue de manière artificielle par le ralentissement des déstockages des entreprises, qui a assuré près de 60% de la progression du produit intérieur brut.
Indicateur de la demande, les ventes finales n'ont augmenté que de 2,2% en rythme annuel, ce qui marque une amélioration notable par rapport à leur hausse du trimestre précédent (1,5%), mais tend à confirmer le scénario couramment admis d'une croissance lente de la première économie mondiale en 2010.
"Le PIB n'est assurément pas aussi fort qu'il en a l'air", a estimé Scott Brown, économiste en chef du courtier Raymond James & Associates, excluant une reprise dynamique (dite en "V").
Pour Augustine Fauchier, de Moody's Economy. com, "la croissance va faiblir dans la première moitié de l'année 2010, avant d'accélérer au deuxième semestre et l'année prochaine".
Le taux de croissance de l'automne est le plus élevé aux Etats-Unis depuis l'été 2003, et apparaît bien plus fort que ne le prévoyaient les analystes, qui attendaient une hausse du PIB de 4,7%, selon leur consensus médian. Il est fortement susceptible d'être revu à la baisse dans les mois à venir.
La croissance des trois derniers mois de l'année montre le chemin parcouru par les Etats-Unis par rapport au premier trimestre, où le PIB, alors en chute libre, s'effondrait de 6,4%, au plus fort de la récession la pire qu'aient connue les Etats-Unis en plus d'un demi-siècle.
Témoignant de l'ampleur de la crise traversée par le pays, le PIB américain a chuté de 2,4% sur l'ensemble de l'année 2009, du jamais vu depuis 1946.
Saluant la poussée du quatrième trimestre comme "la nouvelle la plus positive à ce jour sur l'économie" du pays, la Maison Blanche a rappelé qu'il restait beaucoup à faire avant que la croissance s'accompagne d'une reprise durable de l'emploi, alors que le taux de chômage s'est installé au-dessus de 10% depuis octobre pour la première fois depuis 1983.
Les Etats-Unis avaient renoué avec la croissance pendant les trois mois d'été avec une hausse du PIB de 2,2%, après un an de chute ininterrompue de l'activité.
Hormis les effets de stocks, le facteur ayant le plus soutenu la hausse du PIB de l'automne est la consommation des ménages, qui a apporté 1,44 point de croissance. Ce moteur traditionnel de l'économie du pays a néanmoins ralenti sa hausse à 2,0% en rythme annuel (contre 2,8% au trimestre précédent).
La majorité des économistes et la banque centrale américaine (Fed) prévoient que la persistance d'un chômage élevé entravera la consommation en 2010 et sans doute au-delà.
En conséquence, la Fed a maintenu mercredi son taux directeur quasi nul en vigueur depuis plus d'un an, et a signalé son intention de stimuler aussi longtemps que possible l'activité en abaissant au maximum le coût du crédit.
L'économie du pays doit également être soutenue par le plan de relance budgétaire voté en février et dont l'essentiel des effets doit se faire sentir en 2010, ainsi que par les nouvelles mesures de relance promises par le président Barack Obama mercredi soir dans son discours sur l'Etat de l'Union.