Les ménages japonais ont moins dépensé en janvier sur fond de déflation persistante, deux obstacles importants sur la route de la reprise d'une économie nippone confrontée à des exportations déclinantes.
La consommation des familles nippones a reculé de 2,3% en janvier par rapport au même mois de 2011, d'après des statistiques publiées vendredi par le ministère des Affaires intérieures.
Il s'agit d'un coup d'arrêt au léger rebond entrevu en décembre, lorsque les dépenses des ménages avaient augmenté pour la première fois depuis le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
Dévastant la région du Tohoku (nord-est), cette catastrophe naturelle a entraîné un accident nucléaire à Fukushima, angoissant la population incitée depuis à la prudence.
En janvier, les Nippons ont notamment rogné sur les montants consacrés aux transports et à l'entretien de leur maison.
Cet effritement de la consommation des familles est ennuyeux pour les autorités nippones qui misent sur leur progression pour relancer la croissance, alors que le produit intérieur brut de la troisième puissance économique mondiale s'est replié de 2,3% en rythme annualisé entre octobre et décembre.
Une bonne tenue des dépenses des ménages est d'autant plus essentielle que les exportations, habituelles contributrices à l'activité japonaise, s'effritent depuis des mois, limitées par une conjoncture mondiale incertaine, la cherté du yen et les difficultés des géants nippons de l'électronique.
Mais le pays reste en légère déflation, ce qui incite les ménages à retarder leurs achats en espérant bénéficier de tarifs plus avantageux plus tard.
En janvier, les prix à la consommation ont reculé de 0,1% sur un an hors produits périssables, à cause d'une chute des tarifs des produits électroménagers et électronique, atteignant jusqu'à un tiers pour les réfrigérateurs, les télévisions et les ordinateurs personnels.
En excluant l'alimentation et l'énergie, le recul des prix a atteint 0,9%, la différence s'expliquant par la hausse des cours de l'électricité, du gaz et du fuel domestique.
Afin de contrer ce phénomène ancré au Japon depuis bientôt trois ans, et qui décourage aussi l'investissement des entreprises, la Banque du Japon (BoJ) maintient son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1%, afin de faciliter la circulation d'argent.
Elle promet de poursuivre cette politique accommodante jusqu'à ce que les prix grimpent à un rythme annuel d'environ 1%, mais sa prévision d'inflation pour la période d'avril 2012 à mars 2013 n'atteint que 0,1%.
A l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire mi-février, la BoJ a élevé de 10.000 milliards de yens, à 65.000 milliards de yens (602 milliards d'euros), le montant total qu'elle consacre à l'achat de bons du Trésor, d'obligations d'entreprises et d'autres titres financiers, ainsi qu'à l'émission de prêts à taux préférentiel.
L'institut d'émission entend ainsi soutenir l'activité et lutter contre la déflation.
"Au vu des progrès techniques et de la compétition sur les prix, la baisse des tarifs des biens électroménager et électronique devrait continuer", a prévenu Yoshiro Sato, du Crédit Agricole, ce qui risque de maintenir de fortes pressions déflationnistes.
Le chômage a pour sa part légèrement progressé en janvier, à 4,6% contre 4,5% en décembre (donnée révisée), en raison du retour sur le marché du travail de sans-emplois auparavant découragés qui étaient sortis des statistiques.
Malgré les difficultés rencontrées par l'économie nippone, le taux de chômage reste à son plus bas niveau depuis trois ans et le marché de l'emploi a continué de se détendre en janvier, avec 73 offres d'emplois pour 100 demandes, contre 71 en décembre, d'après le ministère du Travail.
"Avec la reprise attendue de la production industrielle, le retour à la normale de la chaîne d'approvisionnement et la demande de reconstruction, l'emploi industriel devrait augmenter" dans les mois à venir, a estimé M. Sato.
Plusieurs rallonges budgétaires consacrées au relèvement du Tohoku ont été votées par le gouvernement de centre-gauche, ce qui devrait doper l'activité de construction.