Avec un nouveau nom et une identité rafraîchie, le fabricant canadien de smartphones BlackBerry a annoncé mercredi deux nouveaux appareils avec lesquels il compte se relancer, misant notamment sur une fonction permettant de séparer vie professionnelle et vie privée.
Les deux téléphones, le Z10 et le Q10, sont équipés du tout nouveau système d'exploitation BlackBerry 10, qui a pris deux ans à être développé, occasionnant un retard qui a fait plonger l'action et les parts de marché du groupe.
Légèrement plus long et large que l'iPhone 5, et doté d'un clavier tactile et non plus physique, le Z10 coûte 599 dollars (440 euros) s'il est acheté sans abonnement. Il sera disponible dès jeudi au Royaume-Uni et le 5 février au Canada, où il sera vendu 149 dollars avec un abonnement de trois ans. L'arrivée aux Etats-Unis est prévue mi-mars et aucune date n'a encore été arrêtée pour la France.
Quant au Q10, qui conserve le clavier physique ayant fait le succès de la société, il ne sera pas distribué avant le mois d'avril et son prix sans abonnement n'a pas été décidé.
Ces délais ont immédiatement suscité certains doutes: le titre ne valait mardi soir que 13,78 dollars à la Bourse de New York (il a chuté de 12% sur la journée), contre un record de 144 dollars en 2008.
Les analystes de la Société Générale ont ainsi noté que le fait que le Z10 n'arrive que mi-mars aux Etats-Unis "risque de dissiper l'enthousiasme suscité par le lancement, alors que (ce pays) constitue un marché-clé pour BlackBerry".
Le PDG allemand de BlackBerry, Thorstein Heins, s'est justifié lors du lancement à New York en expliquant que les opérateurs téléphoniques américains n'avaient pas encore achevé leurs phases de tests.
"Changements colossaux"
Entre un système de sécurité présenté comme encore plus fort qu'auparavant, un nouveau système d'exploitation et de nouveaux appareils, le groupe établi au sud de Toronto a vécu "des changements colossaux", a remarqué pour l'AFP Frank Boulben, directeur du marketing depuis sept mois.
Ces transformations ont été "symbolisées par le changement de nom de l'entreprise, RIM (pour Research in Motion), qui devient BlackBerry", a-t-il souligné.
Pour incarner ce rafraîchissement, la société créée en 1984 a par ailleurs recruté la chanteuse Alicia Keys, promue au nouveau poste de "directrice créative".
Parmi une pléthore d'innovations, BlackBerry mise sur sa fonction "Balance" pour faire la différence. Ce service permet de "gérer les deux composantes de la vie (des) utilisateurs, la vie personnelle, et la vie professionnelle, et les aide à être le plus efficace possible" en séparant les données, les applications et les ressources des téléphones selon leur usage, dit M. Boulben.
"Nous avons pensé aux gens qui transportent toujours deux appareils", un pour le travail et un pour leur vie personnelle, a ajouté le PDG du groupe, lors du lancement retransmis en simultané aux quatre coins du globe.
Cette séparation pourrait faire "la différence" face à iOS et Android, les systèmes d'exploitations mobiles d'Apple et de Google, juge Jeff Orr, analyste chez ABI Research.
Autre nouveauté, la messagerie instantanée BlackBerry Messenger (BBM) permet désormais l'échange de vidéos, ainsi que le partage d'écrans d'un BlackBerry à l'autre.
Très en retard par rapport à l'américain Apple, l'appareil est équipé d'une nouvelle caméra conjuguée à un logiciel intégré de traitement de l'image. "On a créé une expérience cinématographique", a avancé le patron allemand.
Souvent critiqué pour son manque d'applications, le canadien a annoncé que déjà plus de 70.000 étaient disponibles, dont beaucoup de succès de l'Apple Store. L'objectif affiché est d'en proposer 100.000 lors de la sortie du Z10 aux Etats-Unis.