Les adversaires républicains de Barack Obama au Congrès ont haussé le ton et augmenté la pression sur le président américain mardi, alors que les négociations sur le relèvement du plafond de la dette s'enlisaient à l'approche de la date butoir du 2 août.
Le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a estimé mardi qu'aucun accord n'était possible tant que M. Obama occuperait le bureau Ovale. Le sénateur a donc proposé un plan de secours qui ferait porter au président et à son parti la responsabilité politique d'un relèvement du plafond de la dette, ou au contraire d'un défaut de paiement.
Selon ce texte, le Congrès donnerait au président l'autorité de réclamer le relèvement du plafond en trois fois, pour un total de 2.400 milliards. Le Congrès peut voter "non" à ces requêtes, à charge ensuite pour le président de décider seul s'il veut apposer ou non son veto au refus du Congrès.
Un peu plus tôt dans la journée, le président républicain de la Chambre des représentants américaine, John Boehner, a lancé: "Où est le plan du président? Quand va-t-il jouer cartes sur table? Le relèvement du plafond de la dette est son problème".
Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a répliqué en affirmant: "Ce n'est pas un problème démocrate, ce n'est pas un problème républicain. C'est un problème américain, et c'est quelque chose que nous devons faire ensemble".
M. Obama a en outre évoqué, dans un entretien avec la chaîne de télévision CBS, les conséquences qu'aurait un défaut de paiement pour les Américains, n'excluant pas que les paiements des retraites soient suspendus à partir du 3 août. "Je ne peux pas garantir que ces chèques seront émis le 3 août si nous n'avons pas résolu cette question" du relèvement du plafond de la dette, a-t-il dit.
M. Obama et les républicains négocient depuis plusieurs semaines un accord pour relever le plafond de la dette américaine.
Les responsables du Congrès et le président se sont retrouvés mardi à 15H55 (19H55 GMT) à la Maison Blanche pour la troisième séance de négociations en trois jours.
Mais les positions des deux camps semblaient irréconciliables. Les républicains refusent de laisser expirer des exemptions d'impôts pour les Américains les plus riches et estiment que les déficits doivent être réduits uniquement en taillant dans les dépenses.
M. Obama souhaite réduire la dette américaine de 4.000 milliards de dollars sur dix ans. Elle atteint actuellement 14.294 milliards et continue à gonfler au rythme du déficit budgétaire, qui doit s'afficher cette année à 1.600 milliards.
Lundi, le président a exigé des concessions de ses adversaires. M. Obama est d'accord pour tailler dans les dépenses et pourrait même tenter de réformer les grands programmes sociaux américains générateurs de déficits. Mais il souhaite aussi que les contribuables les plus aisés paient davantage d'impôts.
Les adversaires de M. Obama, poussés par leur aile droite ultraconservatrice, se veulent intransigeants sur la question des impôts.
"Nous n'avons pas les voix pour augmenter les impôts ici", a assuré lundi Eric Cantor, le numéro deux des républicains de la Chambre des représentants et l'un des interlocuteurs du président les plus inflexibles.
Côté démocrate, certains élus ont manifesté de la nervosité face à une possible réforme des grands programmes sociaux. Mais John Larson, l'un des membres de la direction démocrate de la Chambre, a assuré M. Obama du soutien des démocrates.
Après le 2 août, faute de compromis, la première économie mondiale ne pourra plus emprunter pour financer son déficit, selon le Trésor. Une telle perspective inquiète les marchés.